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grandes compagnies de chemins de fer marque le retour à la prudence : on sait qu’il est de mode, dans les groupes radicaux, d’appeler « conventions scélérates » ces contrats salutaires qui prévinrent la ruine de nos finances ; dès le lendemain de ces actes, la situation s’améliore : l’insuffisance des recettes normales par rapport aux dépenses de toute nature qui était de 763 millions en 1883, s’abaisse à 453 millions en 1884, puis à 420 en 1885 ; elle reste, toutefois, aux environs de 350 à 400 millions pendant les années suivantes. Graduellement, grâce aux efforts notamment de M. Rouvier, qui fit à cette époque preuve d’énergie, ces insuffisances se réduisirent et, en 1890, l’excédent des dépenses sur les recettes normales n’était plus que de 177 millions.

En 1891 s’ouvre, d’après M. Poincaré, la troisième période, qui se signale par le retour à l’unité budgétaire, par la réintégration dans le budget de la plupart des dépenses qui formaient antérieurement des comptes à part ; l’écart entre l’ensemble des dépenses et les recettes normales se restreint : jusqu’à 1896 inclus, il oscille entre 50 et 100 millions annuellement. En 1897, l’excédent des dépenses se réduit à 7 millions et, enfin, en 1898, pour la première fois depuis 1870, on obtient un excédent des recettes sur les dépenses, bien léger il est vrai, à savoir 28 millions. Cet excédent des recettes constitue un phénomène isolé ; en 1899, on réalise à peu près l’équilibre ; mais en 1900, 1901 et 1902, on voit se reproduire des insuffisances considérables, qui, atteignent 209 millions, en 1901, et 179 millions, en 1902. M. Poincaré a fait une période à part des années 1899 à 1906 ; elles seraient caractérisées par une relative correction budgétaire, en ce sens que les dépenses hors budget auraient disparu ; il les signale, en outre, on l’a vu, comme ayant donné en 1903, en 1904 et en 1905 de légers excédons des recettes normales sur l’ensemble des dépenses ; mais, comme nous l’avons fait remarquer plus haut, on ne peut admettre un excédent réel des recettes que pour l’année 1904, puisque le gouvernement a été obligé, en 1905, d’ouvrir 193 millions de crédits extraordinaires au département de la Guerre, par suite de la réduction abusive des crédits d’entretien des approvisionnemens en 1903, 1904 et 1905. Si l’on répartit ces 193 millions de crédits extraordinaires sur ces trois exercices, à raison de 64 millions un tiers pour chacun d’eux, l’excédent apparent des exercices 1903 et