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Page:Revue des Deux Mondes - 1906 - tome 34.djvu/784

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les campagnes, il arrive même que la plupart de ceux qui boivent de l’alcool ne paient aucun impôt, grâce au privilège des bouilleurs de cru. D’une façon générale, d’ailleurs, nos droits sur l’alcool, même en y ajoutant les surtaxes locales, et nos droits sur le tabac ne sont pas plus élevés que dans divers autres pays où l’ensemble des impôts est beaucoup plus faible que chez nous : en Angleterre, l’impôt sur le tabac a produit absolument net en 1904-1905 une somme de 332 millions de francs : en France, nous arrivons pour le produit net à 340 ou 350 millions ; la différence est donc faible. Quant aux droits sur les spiritueux, ils rapportent à l’Angleterre 530 millions de francs, soit une centaine de millions de plus que chez nous, en réunissant les droits intérieurs, les droits de douane et les droits locaux. On ne peut donc dire que les deux seuls gros impôts indirects qui subsistent en France, ceux sur l’alcool et sur le tabac, chargent le consommateur français d’une façon écrasante, puisque l’on trouve ces mêmes taxes aussi élevées, sinon davantage, dans des pays auxquels leur situation florissante permet de n’avoir qu’un ensemble d’impôts modérés.

Pour terminer cet examen, un peu fastidieux, peut-être, mais nécessaire, nous arrivons à la dernière grande branche, non pas d’impôts, mais de recettes, car, quoi qu’on en dise, si l’on étudie les choses minutieusement, l’Etat n’en tire qu’une recette nette assez modique, à savoir les produits des postes et des télégraphes. Ici, les détaxes dépassent, depuis trente-six ans, dans des proportions énormes, les surtaxes. On a porté, dans les tableaux du document officiel que nous considérons, pour 21 millions et demi les surtaxes établies aux tarifs télégraphiques et postaux depuis 1871, et à 99 600 000 francs les détaxes ; nous admettons, pour les raisons déjà données, que l’écart entre les unes et les autres doit être moins considérable ; mais, alors même que l’on évaluerait à 50 millions seulement, au lieu de 78, le bénéfice net des réductions, l’avantage serait notable et il profiterait à tous.

En somme les 316 millions prévus de recettes brutes postales, télégraphiques et téléphoniques, si l’on en retranche, comme on devrait le faire, non seulement les frais courans (297 millions et demi au budget de 1907), mais l’intérêt et l’amortissement des installations, les pensions des agens, ne fournissent au Trésor aucun produit net appréciable : on dira peut-être qu’il faudrait