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SECRET DU VOTE
ET
REPRÉSENTATION PROPORTIONNELLE

UNE EXPERIENCE
LES ÉLECTIONS BELGES DU 27 MAI 1906

En France, — où, dans les dernières années, ces questions ont été posées comme partout, et peut-être même devaient l’être un peu plus qu’ailleurs, — chaque fois qu’on a parlé d’assurer le secret du vote et d’instituer la représentation proportionnelle les bonnes intentions sont restées vaines, tous les efforts se sont brisés à des objections dites « de bon sens, » formulées par des gens qui se disent « pratiques. » Secret du vote obtenu par l’emploi combiné de l’enveloppe ou du bulletin uniforme et de la cabine, ou « isoloir » ou « dispositif » d’isolement (lequel de ces deux mots écorche le moins la langue française ?) ; représentation proportionnelle, supposant le scrutin de liste avec ou sans « panachage » et se réalisant en une répartition des sièges entre les différens partis d’après la règle du quotient ou du diviseur commun : tout cela, déclarent ou insinuent les « gens pratiques, » les « députés-maires, » ceux qui « ont l’habitude de manier la pâte électorale, » tout cela est très joli ; mais c’est construction d’architecte politique, bâtie en fumée sur un