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devoir public de voter. En revanche, « les membres du bureau reçoivent chacun un jeton de 5 francs, indépendamment d’une indemnité de déplacement calculée à raison de 3 francs par myriamètre parcouru... ; le jeton est de 10 francs pour les membres du bureau principal et pour les présidens de bureaux... » Ceux qui ont été admis à prêter le serment, et qui n’ont pas siégé, n’ont, comme de juste, droit à rien.

Un fiacre à galerie pénètre dans la cour de l’Hôtel de Ville, et vient se ranger devant le petit perron de gauche. A côté du cocher, un vieillard respectable, le type convenu de l’huissier d’ancien style, menton soigneusement rasé, petits favoris coupés courts, cravate blanche, jaquette noire qui conserve en sa familiarité quelque chose du cérémonieux ou cérémoniel habit. C’est en effet l’huissier du président du tribunal de première instance de Bruxelles, président de droit du bureau principal, et du collège électoral de l’arrondissement ; c’est le fidèle Devos, à qui le président lui-même, le très distingué M. Dequesne, témoigne, comme à un serviteur de choix, une bienveillance empreinte de considération. Sous l’œil attentif de M. Dequesne, Devos descend de la voiture je ne sais combien de paquets et un grand sac, que le président, aux termes de la loi, est allé en personne prendre à la Poste centrale. Ce sac et ces paquets contiennent : 1° les bulletins contestés ; 2° les procès-verbaux des bureaux de vote ; 3° les procès-verbaux de dépouillement. Le président les fait ranger sur les banquettes, commune par commune. Peu à peu les assesseurs arrivent ; parmi eux, M. Lepage, échevin de l’Instruction publique, député libéral sortant et réélu de Bruxelles ; puis les témoins des partis, en dehors desquels nulle opération ne se pratique, et parmi eux le socialiste M. Maes. Par une faveur particulière dont je ne saurais me montrer trop reconnaissant et au ministre de la Justice, si connu et si aimé de tant de Français, M. J. van den Heuvel, et à M. le président Dequesne, j’ai été, bien que le recensement général ait lieu à huis clos, autorisé à y assister. Quatre heures durant, j’en ai suivi la marche méthodique et sûre ; j’ai vu refaire un à un les totaux des procès-verbaux de dépouillement[1], avec un souci

  1. Dans l’arrondissement de Bruxelles, il y avait 197 bureaux de dépouillement pour 574 bureaux de vote. Pour la seule commune d’Anderlecht (13 bureaux), la vérification a exigé plus d’une heure, un tableau étant incomplet, un autre ayant été transmis en blanc, par substitution accidentelle de feuille.