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Page:Revue des Deux Mondes - 1906 - tome 34.djvu/894

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c’est la proportionnalité proprement dite. Il se peut qu’en Belgique, comme chez nous, tous les présidens de bureaux de vote ou de bureaux de dépouillement, quoique triés sur le volet, et malgré les instructions dont ils sont munis[1], ne soient pas infaillibles, qu’ils se trompent dans l’accomplissement des formalités ; il se peut qu’ils comptent ou ne comptent pas, là où ils ne devraient pas ou devraient les compter, des votes de préférence ou des votes pour les suppléans ; mais, au recensement général, le bureau principal les redresse, parfois avec une semonce, et, dans tous les cas, l’addition rectifiée et le total établi, ni la répartition des sièges entre les listes, ni leur attribution aux candidats de chaque liste, — c’est-à-dire la représentation proportionnelle, — n’en peuvent être atteintes.

Je n’oublie pas, d’autre part, les critiques que des Belges, même amis, initiateurs et auteurs de la R. P., sont les premiers à formuler contre certains détails de son fonctionnement ; encore ces critiques, non plus que les reproches précédens, ne portent-elles pas contre la représentation proportionnelle elle-même, mais seulement contre l’organisation intérieure des partis. A les entendre, le poll qui sert à désigner les candidats serait assez imparfait ; il laisserait trop de place aux intrigues et aux rivalités personnelles ; les associations de canton n’apporteraient pas assez de zèle et de désintéressement dans le choix de leurs délégués à la réunion centrale, chargée de former la liste des candidatures du parti ; mais la représentation proportionnelle n’existerait pas, qu’il en serait ou pourrait en être absolument de même avec le scrutin de liste pur et simple : la représentation proportionnelle n’y est donc pour rien. Enfin, on discute toujours sur les défauts et les qualités réciproques de la liste « panachée, » celle où l’électeur peut ajouter, retrancher, mêler les noms de plusieurs listes ; M. Beernaert peut continuer à préférer cette première forme, plus libérale, à l’autre, qui, à ses yeux, assure-t-on, et aux yeux de beaucoup, a le tort de porter à l’excès « la puissance des comités ; » mais de la représentation proportionnelle,

  1. Ministère de l’Intérieur et de l’Instruction publique. Administration des Affaires électorales et de la Statistique générale. Élections législatives. Instructions à messieurs les Présidens des Bureaux électoraux ; une forte brochure in-4o. Bruxelles, imprimerie Vanbuggenhondt. — Élections législatives. Opérations des nouveaux de dépouillement (Recensement]. Instructions spéciales relatives au recensement général des votes, à la répartition et à l’attribution des sièges ; une brochure in-folio. Bruxelles. 1900.