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est satisfaisante de ce côté-là ; ce qui pourrait plutôt nous préoccuper, c’est le champ d’action que l’avenir leur réserve. Notre prospérité économique se maintient certes, mais nos concurrens étrangers font des progrès plus rapides que les nôtres, inquiétans même pour notre patrie. Notre commerce extérieur qui, en 1890, atteignait 8 milliards 190 millions, s’est bien élevé, en 1905, à 9 milliards 436 millions, mais pendant la même période, celui de l’Allemagne a passé de 9 milliards 340 millions à 15 milliards 924 millions, celui de l’Angleterre de 17 milliards à 22 milliards 300 millions. Au cours des quinze dernières années, les exportations des Etats-Unis ont doublé, celles de l’Angleterre ont augmenté de 26 pour 100, celles de l’Italie de 90 pour 100 ; l’accroissement de la Belgique a été de 52 pour 100, celui de l’Allemagne de 71 pour 100 ; nous n’avons pendant le même temps progresse que de 27 pour 100. Ne serait-il pas temps pour notre Chambre des députés et notre gouvernement de s’occuper moins de politique pure, et de cesser d’effrayer les capitaux qui, de plus en plus, vont à l’étranger y développer les industries auxquelles nous renonçons dans notre propre patrie. Nous avons souffert cruellement de la Révocation de l’Édit de Nantes ; il ne faudrait pas recommencer cette douloureuse expérience dans le domaine économique !


JACQUES SIEGFRIED.