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MONSIEUR ET MADAME MOLOCH

TROISIEME PARTIE (I)

YIl

Avez-vous éprouvé, certains matins, à l’heure du réveil accoutumé, la sensation d’avoir assez dormi pour satisfaire la nature, et tout à la fois le désir de ne pas vous désenlacer du sommeil, de vous y enfoncer au contraire, de vous y réfugier contre l’inquiétude confuse du jour qui naît, de la vie qui recommence ?


Dans mon petit lit thuringien, assez peu confortable, j’avais pourtant, cette nuit-là, goûté sept bonnes heures de repos. Depuis longtemps je percevais autour de ma demi-torpeur des appels de voix sur les terrasses des villas voisines, des pas dans l’escalier, des clameurs d’enfans jaillies de la rue : plus de bruit, même, qu’à l’ordinaire. Malgré lauvent de la terrasse, une joyeuse clarté do soleil poudroyait dans la chambre : à travers mes paupières volontairement baissées, elle me faisait voir rose au dedans de moi... Tout à riicure j’avais senti, effleurant mes cheveux, les f]-aîches lèvres de Gritte, brusquement venue à mon chevet, et sa voix m’avait dit :

— Paresseux ! à huit heures, au lit ! Est-ce parce que c’est fête ?... Tu n’as pas honte ?... Moi, je vais vite déjeuner et sortir avec ^I’" Moloch, voir les préparatifs. En grognant quelques protestations, je m’étais retouriiô ( !) Voyez la Revue des 1" cl 15 août.