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Le yachting est très en vogue à Sydney, à cause de l’heureuse disposition de sa rade pittoresque et parfaitement fermée. La chasse est peu pratiquée. Quant à l’escrime, le sport par excellence, puisqu’il met en jeu tous les muscles du corps, exerce le coup d’œil et développe le sens de la décision, on ne s’en occupe pas, même dans le monde militaire.

Ainsi, en Australie, et plus (m’a-t-il semblé) qu’en Angleterre, le sport technique s’est substitué au sport utile. Le moyen, qui est l’émulation provoquée par la lutte entre camps ou champions opposés, a fait oublier le but, c’est-à-dire l’amélioration physique par le développement harmonieux des organes. On obtient quelques remarquables athlètes (au sens anglais de cette expression), mais il n’apparaît pas que la race devienne plus souple, plus alerte ni plus résistante aux fatigues. Une réaction semble se produire dans le sens d’une éducation physique rationnelle des jeunes Australiens. Certains gouvernemens d’Etats en ont pris l’initiative et tous maintenant encouragent les exercices gradués, méthodiques, formant un programme complet de perfectionnement musculaire. On s’attache à rendre ces exercices aussi attrayans que possible, et les enfans, malgré leur turbulence native, s’y prêtent volontiers.

Les filles suivent, à fort peu près, les mêmes exercices que les garçons, ce qui, pour l’objet qu’on a en vue, est de toute nécessité. Comme elles ont, pour le moins, autant d’amour-propre que messieurs leurs frères, il est à présumer que cet effort donnera de bons résultats. Si on y persiste, et si, en même temps, le peuple renonce à certaines habitudes importées d’Angleterre pour adopter une hygiène générale s’accordant avec le climat, la race australienne pourra devenir une des plus belles et des plus vigoureuses.


V

La vie intime et journalière est agréable en Australie, grâce à l’humeur souriante et à la sociabilité du caractère des habitans. Le goût de la population pour le plein air y contribue aussi. Max 0’Rell a dit que les Australiens sont toujours dehors. C’est assez vrai et surtout des Australiennes. L’Australien aime à fréquenter autour de lui. Il recherche les occasions de voisinage, saisit ou imagine des prétextes de réunions, y apporte de