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ce spectacle ; l’intérêt qu’on y trouve et la gratitude qu’on en garde au P. Rinieri nous font espérer qu’il poursuivra sans relâche son œuvre immense, qui justifie avec éclat l’ouverture des archives du Vatican par le pape Léon XIII.


I

Lorsque, le 10 mars 1814, un des derniers ukases signés « Napoléon » ordonna le l’établissement du Pape dans ses États, le territoire pontifical n’était plus à Napoléon. Les soldats de l’Autriche s’installaient dans les Légations ; ceux de Murat caracolaient dans Rome et rançonnaient les Marches. Disposer de ce qu’il ne possédait plus, c’était pour l’Empereur une dernière façon d’être le maître ; il avait une largeur de gestes qui grandissait et bravait la défaite. « Sa Majesté, avait-il fait écrire au Pape dès le 18 janvier, juge conforme à la véritable politique de son Empire et aux intérêts du peuple de Rome, de remettre les États romains à Sa Sainteté[1]. » Pie VII avait refusé cette remise, cette sorte de réinvestiture ; il avait, même, décliné tout colloque, jugeant que pour causer avec un Napoléon, un Pape doit être à Rome. Vaincu par la passivité pontificale, Napoléon, deux mois après, faisait reconduire son captif aux avant-postes autrichiens, afin qu’ensuite, étape par étape, on le menât du Pô jusqu’au Tibre, jusqu’à son évêché des Sept collines. Mais l’heure était passée, pour Pie VII, de causer avec Napoléon. Si proche que la mer soit du ciel, le vicaire de Dieu prendra ses mesures, quelques années après, pour qu’à Sainte-Hélène un prêtre assiste Napoléon à l’heure du suprême passage ; mais le souverain des États romains, oubliant l’Empereur comme pour lui mieux pardonner, ne connaissait plus que l’Europe, cette Europe à laquelle il s’était adressé du fond même de sa prison, pour redevenir roi, pleinement roi.

Il avait en 1813, à la nouvelle du Congrès de Prague, obsédé d’un premier appel l’empereur François Ier. « Nous sommes dépouillé, écrivait-il, pour avoir refusé de prendre aucune part aux guerres qui avaient surgi ou qui viendraient à éclater dans la suite, et pour avoir voulu observer la neutralité qu’exigeaient de Nous et Notre qualité de père commun et les intérêts de la religion

  1. D’Haussonville, l’Église romaine et le Premier Empire, V, p. 313 et 554 et suiv.