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LE PARTI OUVRIER ANGLAIS

La poussée ouvrière, gui, avec l’évolution radicale des libéraux, caractérise les élections générales de 1906, n’est pas un accident historique. Nous n’assistons point à une de ces crises passagères, provoquées par un événement politique ou par des faits économiques, dont la périodicité caractérise les sociétés industrielles. Le succès écrasant des candidatures ouvrières n’est qu’une étape importante dans un mouvement, qui date de quarante années, et dont le terme final ou même les répercussions prochaines échappent encore à notre prévision. Après un siècle et demi d’existence sociale, les travailleurs des usines anglaises, formés par le maniement, depuis cinquante ans, d’associations syndicales et coopératives, entreprennent, avec méthode, sans précipitation, et aussi sans intermédiaires, la conquête du pouvoir. Hier, les ouvriers s’introduisaient dans les municipalités des grandes villes. Aujourd’hui leurs délégués constituent une fraction importante de la Chambre des communes. Demain, ils réclameront des sièges sur les bancs réservés aux ministres. La promotion de J. Burns constituera un précédent.

Il est trop tôt pour écrire l’histoire du mouvement qui, un siècle après l’avènement des classes moyennes, vient de nouveau ébranler la moins égalitaire et la plus conservatrice des sociétés. Il est cependant possible de rechercher dès aujourd’hui les origines de cette activité ouvrière.