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Dominies, auxquels l’Ecosse doit tant, il travaille sous sa direction, le matin, à l’aube, avant l’heure de la classe. Malgré les sages conseils de son maître, il se refuse à entrer dans l’enseignement ; et J. R. Macdonald va chercher fortune à Bristol. Il dépense ses petites économies et rentre ruiné au logis. Chemin faisant, il lit The Christian Socialist ; il dévore Progress and Poverty d’Henry George. Ces lectures accroissent encore son goût inné pour les luttes politiques. Président, à dix-neuf ans, de la Gossiemouth Democratic Association, il joue un rôle dans les élections de 1885 et soutient les radicaux contre les whigs. L’année suivante, le jeune homme repart pour chercher fortune à Londres. Sa barque est sur le point de couler ; il ne trouve pas de travail fixe ; il copie des adresses ; il économise sur ses repas pour acheter des bougies et suivre le soir les cours de Birkbeck Collège ; il tombe malade. Des amis charitables indiquent à Ramsay Macdonald une place de secrétaire particulier. Pendant quatre ans, il travaille sous la direction de M. T. Lough, qui cherche à enlever au frère de M. J. Chamberlain la circonscription de West Islington. En 1891, il dispose des économies nécessaires pour retourner à la politique ; il adhère à la Fabian Society et à l’Independent Labour Party ; il fait des enquêtes sur le paupérisme de Londres et le travail des femmes. Ses services désignent J. R. Macdonald aux socialistes pour lutter dans les circonscriptions de Southampton en 1895, de Leicester en 1900, pour diriger en 1901 le secrétariat du Labour Representation Committee. Si la fédération électorale a pu progressivement étendre ses organismes, développer son activité, sans froisser la prudence conservatrice de certaines Trade-Unions, ni l’intransigeance dogmatique de quelques délégués socialistes, c’est grâce au sens politique de l’ancien président de la Gossiemouth Democratic Association. Il a compris le goût inné des ouvriers anglais pour la discipline de l’association, leur méfiance instinctive des idées abstraites ; il leur a donné satisfaction dans les statuts qu’il a élaborés et les manuels qu’il a rédigés.

Au même groupe de doctrinaires, dont l’idéalisme est singulièrement tempéré par les épreuves subies et les expériences recueillies, appartiennent encore l’alderman F. W. Jowett et M. Philip Snowden. Le premier cesse à vingt-huit ans de travailler au tissage de la laine, pour devenir comptable et enfin Directeur. Il consacre ses heures de loisir à l’étude des questions