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du peuple et de réorganiser la machine administrative et parlementaire, de manière qu’elle ne soit plus monopolisée par l’aristocratie, Et l’auteur esquisse un plan de réformes relatif à l’organisation du ministère et à la procédure du Parlement, qui reproduit les revendications des libéraux. Avec une précision plus grande, J. Ramsay Macdonald a défini l’attitude des élus du Labour Representation Committe vis-à-vis du socialisme : « En matière d’administration pratique et de législation, le socialisme n’est pas une réalité immobile, mais une tendance, une manière de penser, une idée directrice. Dès lors, ceux qui disent que la doctrine socialiste domine ou ne domine pas le nouveau parti ouvrier, ont à la fois tort et raison. Le régime socialiste n’est pas créé, en un jour, par des décisions du Parlement. Voici quelle est la profession de foi d’un socialiste. Le Parlement et les autres services publics fonctionneront d’une manière pratique. La distribution actuelle des richesses est contraire aux intérêts économiques et aussi, — il serait possible de le prouver, — à la justice. Des classes inutiles socialement ne devront pas être conservées aux dépens de classes utiles socialement. Chaque classe utile dans la vie sociale doit être honorée et entretenue d’une manière convenable. L’individu organisé en communauté peut le mieux accomplir sa destinée. L’initiative privée et la solidarité générale sont toutes deux essentielles pour le développement individuel et social[1]. » Après avoir brièvement énuméré des réformes économiques et administratives, qui figurent sur le programme radical[2], l’auteur termine par ces lignes qui résument, dans une formule heureuse, l’utilitarisme politique et l’idéalisme religieux dont le mélange caractérise le socialisme anglais : « Il y a une heure pour des mesures détaillées et des propositions précises. Il y a une heure pour les principes généraux, qui peuvent être même assez vagues pour n’être guère plus que des élans et des aspirations. Le parti ouvrier fera bien de mettre en pratique ces deux états d’esprit. S’il se sert d’une des deux méthodes exclusivement, il n’arrivera à rien. S’il les utilise toutes deux, il créera une nouvelle opinion publique ; il deviendra le germe d’un nouveau parti, champion de la démocratie intellectuelle et morale[3]. » Deux autres des doctrinaires du Labour Representation

  1. The Independent Review, mars 1906, p. 264.
  2. Id., p. 268.
  3. Id., p. 269.