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Page:Revue des Deux Mondes - 1906 - tome 35.djvu/402

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A l’une des extrémités de la rue de Charenton, est située une importante manufacture des tabacs ; à l’autre bout, à l’angle de l’avenue Ledru-Rollin, se tient le marché de « la Trôle » où les ébénistes en chambre vont offrir leur travail. Entre les deux lignes de Vincennes et de Lyon, et jusqu’à la rue Crozatier, les petites rues et les passages sont habités par les employés des Compagnies de chemins de fer. Plus on s’éloigne du centre, plus la population semble aisée. L’explication de ce fait, qui semble anormal, est facile à donner. C’est que l’arrondissement est traversé, d’un bout à l’autre, par la belle avenue Daumesnil où circulent de rapides voitures électriques. L’employé peut facilement se rendre au lieu de ses occupations ; il lui en coûtera quelques minutes de plus à chaque voyage ; et en retour, il aura un loyer moins cher, et, pour ses heures de loisir, le voisinage du bois de Vincennes.

Tous, nous connaissons la place de la Nation, pour être allés, au moins une fois en notre vie, à la foire aux Pains d’épices. En cet endroit, on peut passer la revue de tous les marchands ambulans, forains, acrobates, qui sont maintenant fixés à Paris, puisque les foires sont perpétuelles. Ils sont 5 000 environ ; mais ce n’est pas là qu’ils hivernent. Nous en avons signalé dans le onzième ; il y en a dans le vingtième, dans le treizième, dans le dix-huitième ; le reste trouve refuge, hors de l’enceinte, sur les terrains soumis à la servitude militaire.

En somme, l’arrondissement, dans son ensemble, est un des moins peuplés de Paris. Dans les quartiers de Picpus et de Bel-Air, on rencontre surtout de petits bourgeois et des employés ; aux Quinze-Vingts, ce sont des ouvriers et agens des chemins de fer ; le reste du territoire est pris par les maraîchers, les entrepôts et les gares. Les pauvres sont relativement très nombreux dans les Quinze-Vingts et dans la partie de Reuilly qui est voisine. L’îlot de maisons où se trouvent le passage Raguinot, le passage Moulin, l’impasse Jean-Bouton, abrite un grand nombre d’agens subalternes de la Compagnie des chemins de fer de Lyon, dont le salaire est d’environ 4 francs par jour et la famille souvent nombreuse. De même, à l’angle du boulevard Diderot et de la rue de Reuilly, il existe un important foyer indigent. Aux numéros 55 et 67 de cette rue, se manifeste la présence de journaliers, manœuvres, terrassiers, hommes de peine, qui très souvent ont besoin d’être aidés. Enfin, passage Montgallet et