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Page:Revue des Deux Mondes - 1906 - tome 35.djvu/57

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LETTRE SUR LE TRAVAIL[1]


I

Dans la situation présente, peut-on s’abstenir de toute réflexion sur les utopies républicaines ? Le silence serait un malheur, et, pour mon compte, je le romps.

Si la France veut la République, la République sera. Le Gouvernement Provisoire affirme qu’elle existe, et demande en même temps la consécration de la République à une Assemblée Nationale, dans des termes et avec des moyens qui ne laissent aucun doute sur le vote universel. Un journal, qui a fait le Gouvernement, devient tout à coup le plagiaire de l’intimidation. Il déclare traître à la patrie quiconque proposerait une autre forme de gouvernement que la République. Ce journal nous donne ainsi la liberté de faire ce qui lui plaît. Après le bon plaisir monarchique, nous avons le bon plaisir terroriste. Cet article est prématuré, voilà tout. Il y a eu des réclamations. Dans six mois elles ne seront plus possibles.

Le Gouvernement Provisoire actuel n’écoute pas plus le silence

  1. Cette importante étude politique et sociale de Balzac fait partie des archives du vicomte de Spoelberch de Lovenjoul. Elle est complètement inédite, et date du printemps de 1848. Quelques mois après, l’auteur partit pour la Russie, d’où il ne revint qu’en mai 1850, marié et mourant.
    Intitulée successivement : Lettre au commerce et Lettre sur la chose publique, Balzac lui donna définitivement pour titre : Lettre sur le travail. Une seconde étude, annoncée à la fin de celle-ci, n’a sans doute jamais été écrite. En tous cas, elle n’a pas été retrouvée.