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la Société de Poligny a prêté 3 032 264 francs aux cultivateurs de la région. En 1898, 1e montant des prêts dépasse 419 000 francs, et en 1899 il atteint presque 430 000 francs ; 161 000 francs pour 1896, 174 000 francs pour 1899, tels sont les chiffres des dépôts.

Parmi les missionnaires du crédit agricole en Provence, les uns ont marché sur les traces de la Société de Poligny, les autres ont adopté la solidarité illimitée, base des sociétés Raiffeisen ; dans les sociétés du type Méline, la responsabilité des sociétaires se limite d’ordinaire à la part souscrite par eux ; d’ailleurs, la loi de 1894 accorde toute latitude à ce sujet, mais elle exige sagement que la société de crédit soit adossée à un syndicat. À Courcelles (Indre-et-Loire), fonctionne un système assez ingénieux : les sociétaires supportent une responsabilité solidaire proportionnelle à leur inscription créditable ; ce vocable désigne le montant maximum du prêt que la Caisse peut consentira un membre. A l’assemblée générale annuelle, chaque syndiqué demande le crédit, c’est-à-dire la somme maxima qu’il désire pouvoir emprunter eu cas de besoin ; le vote a lieu au scrutin secret. Ainsi Pierre demande 600 francs, et il y a quarante votans. A… vote 600 francs, B… 400, C. 800, D… 1000, E… 100, etc. ; total des votes 20 000 francs, qui, divisés par 40, donnent 500 francs. C’est donc un crédit de 500 francs que ses associés accordent à Pierre, et qu’il pourra demander à la caisse dans le cours de l’exercice.

MM. Rostand et Rayneri, fondateurs du crédit populaire en France, ont réuni en un faisceau l’œuvre de Schultze et celle de Raiffeisen, après avoir constaté que leurs principes peuvent se concilier et se compléter, les associations Schultze-Delilsch convenant mieux pour le crédit ouvrier, dans les milieux urbains, les associations Raiffeisen dans les communes rurales. M. Charles Rayneri raconte en ces termes la naissance de la première caisse rurale fondée par la Banque populaire de Menton :

« Castellar, charmante localité à 7 kilomètres de Menton, desservie par une belle route carrossable, eut nos préférences. Nous savions qu’il y avait dans cette commune un instituteur intelligent et dévoué, et nous nous ouvrîmes à lui de ce projet. Par des causeries et des publications nous cherchâmes à le familiariser avec cette question, dont il ne tarda pas à devenir un vrai pionnier. M. Charles Grinda, nommé depuis secrétaire