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Page:Revue des Deux Mondes - 1906 - tome 35.djvu/824

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des produits oléagineux dans tous les pays : olives en Provence, sésame aux Indes, arachides au Sénégal. Les colonies sont chez elles dans ce temple de l’huile et du savon ; ce sont elles qui, de toutes parts, apportent la matière première : la prospérité du Sénégal est dépendante de l’industrie qui emploie l’arachide.

C’est une très heureuse idée que les organisateurs de l’Exposition ont eue de créer cette section de l’art provençal, que la Ville et le Département ont subventionnée, que les musées et les particuliers ont garnie d’œuvres de premier ordre et où le visiteur se repose de toute cette industrie et de tout ce commerce, en admirant ce que l’art de tous les temps a apporté de charme et introduit d’idéal dans la vie provençale. Autour des Papes, à Avignon, une école d’art se développe et produit ces fresques, d’un style encore un peu raide, mais déjà si expressif, qui décorent le palais des Papes, Notre-Dame des Doms et la chapelle Saint-Martial ; l’Exposition nous les montre relevées à l’aquarelle par Denuelle. Les archives communales ont prêté le fameux Livre Rouge, registre richement enluminé des premières délibérations des échevins de Marseille, sur lequel leurs successeurs prêtaient serment, symbole vénéré des libertés marseillaises. Tout Paris, l’année dernière, a admiré, à l’Exposition des primitifs, les chefs-d’œuvre du « maître d’Avignon » et des artistes contemporains du roi René, qui fut peintre lui-même et qui sut faire de sa cour un foyer de haute culture, de poésie et d’art. Le portrait du bon prince angevin, qui fut si provençal de cœur et d’esprit, évoque la vieille Provence au seuil de la première salle où l’on admire surtout quatre tableaux du XVe siècle, le Couronnement d’épines, la Descente de Croix, l’Ascension, la Pentecôte, prêtés par M. Paul Révoil. Des vieux peintres d’Avignon aux artistes contemporains, on peut suivre, de salle en salle, toutes les époques de l’art provençal ; le XVIIIe siècle, surtout, avec Fragonard, Vanloo et Joseph Vernet est richement représenté. Nous ne saurions, dans cette rapide promenade à l’Exposition coloniale, nous attarder plus longtemps aux œuvres d’art, ni aborder la question disputée de savoir s’il y a ou non une école provençale et quels en seraient les caractères. Oserons-nous dire que cet ensemble de traits communs qui contribuent à former ce que l’on appelle une « école » ne nous est pas apparu ici avec évidence, au moins dans la peinture ? Au contraire, si l’on s’arrête aux vitrines où les collectionneurs provençaux et les musées