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ont réuni une incomparable collection de faïences de Moustiers, de Goult et de Marseille des XVIIe et XVIIIe siècles, on a bien l’impression d’être en présence de traditions continues et de procédés techniques spéciaux. Ici, l’industrie devient de l’art, du plus délicat et du plus exquis. Notre incompétence nous oblige à n’en rien dire de plus ; mais point n’est besoin d’être connaisseur pour voir que les 433 numéros du catalogue des faïences correspondent à des œuvres de premier ordre qui semblent bien être la partie la plus originale de l’Exposition de l’Art provençal. Faïences, meubles, objets d’art de toute sorte ressuscitent à nos yeux ce que pouvaient être, à la belle époque du commerce colonial, à la fin du XVIIe et au XVIIIe siècle, la vie d’un riche Marseillais qui, au soir d’une carrière de rude labeur, de lointaines navigations, d’entreprises hardies et risquées, venait goûter le repos, dans son hôtel de la ville ou parmi les pins et les oliviers de sa maison des champs, entouré de tout ce que le confort et les arts ajoutent au charme de l’existence.

Cette vie marseillaise, nous la retrouvons sous deux de ses aspects, à la campagne et sur la mer, dans « le Mas de Santo Estello » que le Syndicat d’initiative de Provence a eu la bonne pensée de reconstituer et de meubler de tous les ustensiles tels qu’au pays de Mireille s’en servaient les ménagères du bon vieux temps, et dans le Palais de la Mer, où l’on a très heureusement résumé toutes les connaissances nécessaires aux navigateurs. Ici, tandis que le public s’ébahit devant les formes fantastiques des animaux des grands fonds, les spécialistes admirent l’une des plus belles expositions internationales d’océanographie qui aient jamais été réalisées. Les travaux de M. le professeur Thoulet, du Prince de Monaco et des derniers explorateurs des régions polaires antarctiques permettent à la France d’y tenir un rang honorable, sans réussir cependant à égaler les résultats obtenus par les océanographes d’Allemagne ou d’Angleterre.

Le caractère démonstratif, éducatif, que les organisateurs ont voulu et su donner à l’Exposition apparaît dans ce Palais de la Mer et, partout, il ne cesse d’accompagner le visiteur. Il n’est pas un pavillon colonial qui ne montre, peinte en grosses lettres sur ses murs, une série de chiffres ou de dessins qui permettent d’apercevoir d’un coup d’œil les dimensions, la population de la colonie, le développement des différentes branches de son commerce, les progrès de la colonisation, de l’industrie, de la