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un relief saisissant le merveilleux essor économique de l’Indo-Chine en ces dernières années et rendent sensibles les résultats de l’œuvre de MM. Doumer et Beau et de MM. Guillaume Capus et Henri Brenier, directeur et sous-directeur des services de la colonisation, de l’agriculture et du commerce. Voici quelques-uns de ces chiffres : nous les citons sans commentaires, tant leur éloquence est persuasive :


Budget, général de l’Indo-Chine pour 1904 73 513 000 fr. (33 415 piastres).
Chemins de fer en exploitation (1904) 1 180 kilomètres.
Capitaux engagés Capitaux français 422 658 000 fr.
« (1904). Capitaux étrangers. 122 050 900 fr.
Total 544 708 900 fr.
Exportation du riz (1904) 976 410 tonnes.
— café — 146 348 kilogr. contre presque rien en 1899.
Importation française de cotonnades (1894) 1 090 tonnes (1904) 4 385 tonnes
— étrangère — (1894) 2 890 — (1904) 204
Exportation de poivre en 1904 5 343 —
— de caoutchouc 177 — (exploitation commençante)
Production de soie — 1 250 000 kilogrammes, etc.

Mais l’Indo-Chine, en même temps qu’elle est une, est aussi multiple : elle se compose de pays très divers ; ils ont chacun leur individualité qui s’accuse dans une différence de races que de longs siècles d’histoire ont accentuée et qui se révèle, à l’Exposition, par la bigarrure des architectures, depuis le pnôm cambodgien jusqu’au pavillon aux toits étages du Laos. Unis sous l’autorité suprême, mais lointaine, de la France, ces divers pays gardent leurs mœurs, leurs traditions, leurs croyances, leur conception particulière de la vie sociale. L’une des impressions que réussit adonner l’Exposition, c’est celle de l’antiquité et de l’originalité des civilisations indo-chinoises : notre civilisation est jeune en face de celle des Cambodgiens, descendue de l’Inde, de celle des Annamites qui ont reçu, il y a tant de siècles, la haute culture chinoise, de celle des Laotiens dont les origines se perdent sur les hauts plateaux du Tibet. Ici des centaines de générations mortes parlent par la bouche des vivans, et les nouveaux venus, si supérieurs que puissent être, à certains points de vue, leurs méthodes de travail et leurs procédés de