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plâtre montre les traces manifestes de ces travaux secondaires dont la constatation est si éloquente pour nous révéler l’état d’activité intense des profondeurs souterraines. A chaque pas, on rencontre des roches qui, par un mécanisme inverse de celui qui concerne l’albâtre, ont gardé la structure du gypse tout en en perdant la composition et ces pseudomorphoses peuvent avoir été si actives qu’elles ont souvent intéressé des bancs de roche tout entiers. Dans ce genre, la silice a donné lieu à des effets tout spécialement frappans : beaucoup de couches de gypse recoupées par les travaux du Métropolitain nous ont procuré des nodules de silex noyés dans la roche, à peu près comme le sont, dans la craie blanche, les tubercules de pierre à fusil. Mais si on les regarde de plus près, si par exemple on y débite des lames, minces de deux à trois centièmes de millimètre d’épaisseur et devenues ainsi parfaitement transparentes, pour les soumettre aux observations microscopiques, on y constate des traits de constitution tout à fait intéressans. On s’aperçoit alors que la matière siliceuse dont ils sont exclusivement faits a rigoureusement la même architecture moléculaire que le gypse lui-même.

C’est du reste un fait facile à interpréter, car il reproduit les circonstances qui ont accompagné la pétrification des troncs d’arbre, dans la substance desquels se retrouvent les détails de l’anatomie végétale. Tout le monde a vu les luxueux objets, guéridons, cuvettes, amphores, boîtes de toutes formes, taillés à même le bois fossile de la forêt silicifiée de l’Arizona. Même à l’œil nu, on y reconnaît les couches concentriques de l’accroissement végétal annuel, on retrouve les rugosités de l’écorce, les veines qui signalent l’embranchement des rameaux, et si on s’aide du microscope, on distingue tous les tissus des plantes, et on est à même de déterminer le genre botanique des représentai d’une ancienne flore. Il a fallu, pour que de semblables effets se produisissent, que la matière siliceuse arrivât dans le bois enfoui, de façon à se substituer tout doucement aux tissus et à en conserver la structure jusque dans les détails les plus ténus.

Le même phénomène a certainement eu lieu dans l’épaisseur de la pierre à plâtre et il continue sans aucun doute de se produire dans de certaines localités : la roche se pétrifie, exactement comme se pétrifiait le végétal, et rien ne saurait témoigner plus nettement de la condition éphémère des éléments dont les roches sont formées et qui, comme les molécules vivantes de notre