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supérieure à la leur, la pierre à bâtir superpose ses assises : assises innombrables, les unes très cohérentes et propres à la fabrication des pierres d’appareil et des matériaux des constructions les plus solides ; les autres, tendres, comme les moellons qu’on taille à la hachette ou même tout à fait sableuses et coulantes. A de certains niveaux, la pierre calcaire est presque pure ; ailleurs, elle est mélangée d’argile et passe aux marnes : ou bien elle est arénifère ou encore remplie de concrétions siliceuses qui rappellent de très près les rognons mentionnés précédemment.

Du haut en bas, et à maintes reprises, le calcaire grossier, roche si éminemment protéiforme, présente des fossiles et spécialement des coquilles de mollusques dont on fait des collections aussi remarquables par l’infinie variété et par le charme des formes que par la ressemblance générale de l’ensemble avec les animaux qui vivent à l’heure actuelle dans la mer. À ce titre, il y a autour de Paris des localités qui sont devenues célèbres dans le monde entier à cause de la facilité qu’on a d’y recueillir des collections admirables : Grignon entre autres est universellement connu, et personne en effet ne peut rester insensible à cette chose imprévue de ramasser dans le sol, à 8 ou 10 mètres de profondeur, des coquilles élégantes et fragiles pourvues encore bien souvent de leurs couleurs rosées ou jaunâtres et de leurs ponctuations, de leurs stries et de leurs autres ornemens. A vrai dire, les travaux du Métropolitain ne nous ont pas mis en présence de gisemens ayant la manière d’être de la « falunière » de Grignon, mais ils nous ont montré la continuation sous la capitale de couches synchroniques et qui seulement ont été cimentées, enrichies ou appauvries de substances spéciales par les mécanismes souterrains.

Il faut à cet égard faire une place à part aux assises où la roche calcaire est criblée de milliards de cavités dont chacune a la forme d’un coquillage conservée avec une si grande perfection que le moulage par pression à la cire à modeler procure des spécimens déterminables zoologiquement avec autant de certitude que l’eussent été les coquilles elles-mêmes originairement empâtées dans la roche et maintenant disparues.

Si l’on réfléchit aux conditions nécessaires à la réalisation d’un semblable état de choses, on est émerveillé de leur complexité. Les coquilles, au moment de la mort des mollusques qui les avaient sécrétées, ont été enfouies dans la vase calcaire,