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Page:Revue des Deux Mondes - 1906 - tome 35.djvu/902

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des âges, été déplacées, brisées, tourmentées de mille façons, de sorte qu’elles sont maintenant fort éloignées de leurs conditions originelles.

Après la période lagunaire du gypse, la région parisienne poursuivit pendant un certain temps son mouvement de soulèvement et prit de plus en plus l’état continental. Aussi s’établit-il à sa surface un lac rappelant intimement celui de Saint-Ouen et dans lequel se déposèrent les roches connues sous le nom de travertin de la Brie.

Ce nom rappelle l’extension de la formation lacustre sur une surface géographique coïncidant presque exactement avec l’ancienne province de Brie, et ce serait une occasion de rappeler comment les « régions naturelles » dont les « provinces » étaient des exemples si éloquens, doivent avant tout leur existence à la qualité particulière de leur sol, qui entraîne forcément avec elle tout un ensemble de circonstances donnant à leur tour des qualités spéciales à la faune, à la flore et par conséquent aux cultures et aux ressources de tous genres dont les populations humaines ont besoin.

La période lacustre ne persista pas longtemps : un nouvel affaissement général du pays permit à la mer de revenir une autre fois et de déposer, sur plus de 60 mètres de puissance, les couches arénacées, pures et fines, des « sables de Fontainebleau. » A Paris, les érosions modernes, c’est-à-dire poursuivies depuis la fin de l’époque tertiaire jusqu’à nos jours, ont presque supprimé cette formation qui, tout au voisinage, est l’étoffe des collines de Meudon et de Montmorency, et n’en a laissé subsister que les lambeaux, parfois très circonscrits, dont nous avons donné des exemples.

L’intensité de ces ablations de roches superficielles, par le jeu de l’intempérisme, nous empêche de savoir avec certitude les incidens qui, postérieurement au dépôt des sables, ont accidenté les progrès de l’évolution du sol parisien. Sans répéter les remarques suscitées plus haut par l’examen du « diluvium » et des autres formations caractérisant les vallées, il suffira de remarquer que l’apparition de l’homme sur la terre paraît dater sensiblement du moment où le pays de Paris a été émergé pour la dernière fois. Les plus anciens délinéamens des phénomènes fluviaires y sont pliocènes, c’est-à-dire de la fin des temps tertiaires, et c’est là qu’il paraît de plus en plus légitime de placer le