Page:Revue des Deux Mondes - 1906 - tome 35.djvu/99

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

intelligent, j’en ferai un avocat, un médecin, un notaire ou surtout un fonctionnaire ; mon fils cadet l’est moins, je le destinerai aux affaires ! Sous la pression de ce qui se passait à l’étranger, il fallut cependant reconnaître que le développement du commerce mondial exigeait un enseignement spécial et l’on crut bien faire, pour le soustraire à la routine, de le placer, en 1880, sous le régime du « condominium » en vertu duquel il était administré à la fois par le ministère de l’Instruction publique et par le ministère du Commerce : régime détestable, comme on l’a dit très justement, qui partageait les responsabilités, divisait l’autorité, laissait ces écoles spéciales sans direction ou, ce qui pis est, tiraillées entre deux directions souvent opposées. En dépit cependant de tous les obstacles, l’enseignement technique s’étendait, l’initiative privée, les Chambres de commerce, les municipalités fondaient les écoles supérieures de commerce, les écoles professionnelles, les cours industriels ou commerciaux. Le condominium repoussé par tout le monde fut heureusement supprimé par la loi de finances de 1892, et il fut décidé qu’à l’avenir les écoles primaires supérieures professionnelles dont l’enseignement était principalement industriel ou commercial relèveraient exclusivement du ministère du Commerce, auquel elles seraient transférées par décret, et prendraient le nom d’Écoles pratiques de commerce et d’industrie. Nous avons vu plus haut qu’elles répondaient si bien à la fois aux vœux des familles et aux besoins du commerce et de l’industrie, qu’elles ne cessent de se multiplier dans toutes les régions du pays et sont déjà aujourd’hui au nombre de 53. La population scolaire de ces écoles dépasse 10 000 élèves dont 2 500 jeunes filles, la moyenne atteint 200 élèves par école, soit une augmentation constante tant progressive qu’effective. En présence de ces résultats, la loi de finances du 13 avril 1900 a également transféré au ministère du Commerce les écoles nationales professionnelles qui avaient été créées à Armentières, à Nantes, à Vierzon et à Voiron, en exécution de la loi du 11 décembre 1880. Plus récemment enfin, la loi du 27 décembre 1900 plaçait sous la seule autorité du ministre du Commerce les écoles professionnelles de la Ville de Paris.

L’enseignement technique, ainsi groupé tout entier sous la direction du ministère du Commerce qui de tout temps avait eu dans ses attributions le Conservatoire national des Arts et