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listes, n’étant, de sa nature, contradictoire à aucune doctrine philosophique ou religieuse.


Cela dit, pourquoi cette étude apparaît-elle si difficile ? Pourquoi le travail de contrôle n’est-il pas encore terminé et comment y a-t-il encore de l’occulte, alors que beaucoup de ces faits sont affirmés et ont été observés, non seulement par des hommes d’une absolue et indiscutée bonne foi, mais par des hommes qui, comme William Crookes et Charles Richet par exemple, sont de vrais savans, savent ce que doivent être une méthode et une expérience scientifiques ?

La raison en est simple : c’est que les phénomènes occultes ne peuvent pas être reproduits à volonté et que, par suite, on ne peut pas leur appliquer les procédés habituels et rigoureux du contrôle scientifique. D’abord il faut un médium, c’est-à-dire un individu particulier, à aptitudes spéciales : on ne peut donc pas, à tout coup, avec n’importe qui, faire une expérience dans un laboratoire, quelque bien outillé qu’il puisse être. De plus, quand on a le médium, l’expérience ne réussit pas toujours ; il y a une contingence dans les résultats, une complexité, et, disons-le, un mystère dans le déterminisme, qui multiplient les échecs et enlèvent même aux expériences qui réussissent, une partie de leur valeur.

M. Maxwell, qui s’efforce de soumettre l’étude de ces phénomènes à la « discipline scientifique, » reconnaît qu’au moins en apparence ils sont « rebelles à cette discipline. » On peut observer, mais non expérimenter, parce qu’on ne connaît que trop imparfaitement les conditions des faits, « antécédens nécessaires du phénomène cherché. » Si les savans « veulent a priori établir les conditions de leurs expériences, ils risquent fort de n’avoir aucun résultat appréciable. » M. Charles Richet déclare aussi qu’il a été « longtemps embarrassé » par « la difficulté d’avoir des expériences précises ; » que « maintenant encore, après de longues années d’études, » cette difficulté lui « paraît des plus sérieuses. » Car « de fait, à mesure qu’on multiplie les précautions, les mensurations, les contrôles, il semble qu’on atténue l’intensité des phénomènes. »

La constatation est très juste. C’est là une difficulté très réelle dans l’étude de l’occultisme. Mais ce n’est pas une difficulté insurmontable, une fin de non-recevoir définitive.