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Page:Revue des Deux Mondes - 1906 - tome 36.djvu/946

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soixante-quinze planches qui donnent la plus juste idée de ce peintre admirable, de ce qu’il y a de meilleur et de plus profond dans son œuvre sous toutes ses formes et manifestations, depuis les eaux-fortes telles que la Pièce aux cent florins, la. Prédication du Christ et le Faust ; les portraits comme ceux du Constructeur de navire avec sa femme, d’Anslo avec une dame âgée, d’Elisabeth Bas, de Titus, du Jeune Rabbin, du Bourgmestre Six, de la Dame à l’Éventail, de la Saskia de Cassel et d’Hendrikje du Louvre, les compositions tirées des Livres saints : la Bénédiction de Jacob, le Tobie, le Bon Samaritain, les Pèlerins d’Emmaüs, jusqu’aux grandes toiles comme la Leçon d’anatomie, la Ronde de nuit, les Syndics et tant d’autres chefs-d’œuvre qui peuvent affronter toutes les comparaisons.

A l’histoire de l’art M. Emile Michel a encore apporté une contribution importante avec son livre sur les Maîtres du paysage[1], brillante et consciencieuse, étude que mieux que tout autre il était désigné pour mener à bonne fin, puisque, là plus encore qu’ailleurs, sa critique s’autorise de son savoir de peintre, de sa pratique même de grand paysagiste, qui a pu observer, non seulement dans la nature, mais dans tous les musées d’Europe, et juger en toute connaissance du métier avec sa science impeccable, sa sagacité exercée et son intuition jointes à un goût sûr. Mais ce n’est pas dans cette Revue, où la plupart ont paru, qu’il est nécessaire de rappeler tous ses travaux sur les paysagistes de tous les temps, et jusqu’aux plus récens, sur la nouvelle école des paysagistes français, sur les peintres du Vieux Barbizon, les habitués de l’auberge Ganne qu’il a connus et fréquentés : Théodore Rousseau, Charles Jacque, Millet, Diaz et avec quelques-uns desquels il a pu travailler dans la forêt. Aucune comparaison ne saurait donc offrir plus d’intérêt et être plus utile pour préciser les idées sur la valeur respective des peintres de paysage que celle qu’établit M. Emile Michel dans cette grande étude qui n’avait jamais été faite, qui donne l’idée de l’ordre suivant lequel sont apparus les différens maîtres qui y figurent et de l’importance relative qu’il convient de leur attribuer, nous apporte sur la manière de chacun d’eux des aperçus nouveaux et des détails peu connus ; qui permet des rapprochemens ingénieux en nous faisant mieux pénétrer dans le secret de leurs méthodes si diverses. Il a montré le rôle du paysage qui servit surtout de décor et de cadre dans l’antiquité chez les maîtres italiens, des primitifs au Corrège, à Giorgione, à Titien, chez les

  1. Hachette.