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élémentaire, le fonds vital universel. Ce n’est pas le lieu d’exposer une fois de plus ces notions devenues classiques. Disons seulement pour les résumer, que la communauté des phénomènes de la vitalité chez les êtres vivans repose sur la communauté de leur structure anatomique, l’analyse microscopique ayant montré que tous sont résolubles en cellules ou organites élémentaires équivalens ; sur la communauté de composition chimique de la matière vivante, l’analyse chimique ayant révélé l’analogie de composition de tous les protoplasmes ; sur une communauté d’évolution qui amène l’être à grandir et à se développer jusqu’à ce qu’il se divise ; sur une propriété de reproduction ; et enfin, et surtout sur une propriété d’accroissement ou « nutrition » qui consiste en une relation d’échanges avec le milieu ambiant.


IV

L’existence du fonds anatomique universel est affirmée par la doctrine cellulaire. L’animal ni la plante ne sont des unités indivisibles, Les êtres vivans sont formés d’un organite, d’une cellule (protozoaires et protophytes) ou d’un assemblage de cellules (métazoaires, métaphytes) groupées suivant un plan qui préserve l’animal ou la plante de ressembler à une cohue désordonnée.

L’animal est donc une « multitude, » selon le mot de Goethe, « une nation, » suivant l’expression non moins juste de Hegel ; une « cité, » selon une comparaison chère à Claude Bernard. Les citoyens de cette cité ont en eux-mêmes le ressort de leur vie qu’ils n’empruntent ni ne soutirent des voisins, ni de l’ensemble. Ces élémens anatomiques vivent de même : ils digèrent, respirent, se nourrissent sensiblement de la même façon, comme le font tous les hommes ; et c’est là le fonds vital commun. Mais en outre, chacun a sa tâche particulière, son métier, sa profession, son industrie, ses talens, par lesquels il contribue à la vie sociale et par laquelle il en dépend. Il est, en même temps qu’un être autonome, un élément de l’ensemble, une pierre de l’édifice municipal ou national.

En acceptant cette assimilation de l’être organisé à une cité, ce sont les citoyens anatomiques, comme nous les avons appelés, c’est-à-dire les habitans, envisagés au point de vue purement zoologique, qui sont les composans véritablement actifs, les dépositaires réels du fonds vital. La base de l’alimentation est la même pour tous : il leur faut de l’eau, des matériaux azotés et ternaires analogues, les mêmes substances minérales, le même gaz vital, l’oxygène. Il n’est pas moins