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posée : le gouvernement cherche-t-il une solution véritable ? Se propose-t-il pour but l’apaisement ? Dans ce cas, il s’est trompé une fois de plus. La dernière loi qu’il a imaginée ne dénouera pas toutes nos difficultés. On se fait, on continuera sans doute de se faire départ et d’autre beaucoup de mal, et il en sera ainsi jusqu’à ce que la fatigue générale, l’abattement, l’épuisement, amènent des dispositions plus conciliantes. Il est fâcheux de devoir à de pareilles causes le règlement de nos conflits, plutôt qu’à l’esprit de tolérance et à la raison. Il est fâcheux aussi de voir le gouvernement se départir de la fermeté tranquille qu’il avait montrée jusqu’ici, pour céder aux exigences de ses amis avancés : cela peut le conduire loin ! Nous terminons mal l’année ; nous commencerons mal l’année prochaine ; et, quoique la date de cette chronique nous y porte, nous n’avons pas le courage de faire des vœux qui auraient peu de chance d’être réalisés.

Que dire du travail législatif ? La dernière crise ministérielle y a sans doute apporté quelque retard ; mais ce n’est pas la seule cause qui ait agi sur lui, tantôt pour le ralentir, tantôt pour le précipiter, toujours pour le troubler. Jamais il ne s’est poursuivi avec moins de méthode. On a vu, à la Chambre, la discussion du budget, ou du moins de certains budgets spéciaux, commencer et même s’achever avant que les rapports aient été distribués. Les rapporteurs avaient voulu faire des monumens pour la postérité : la Chambre s’en moquait et s’en passait. Malgré cette hâte, — car la discussion a été menée tambour battant, — le budget ne sera pas voté à la fin de l’année, et il faudra au moins un douzième provisoire : mauvais début pour une législature. Il est vrai que la Chambre s’est donné quelques distractions, d’ailleurs courtes. Elle a discuté et voté en deux séances, avec un dédain absolu des études et des enquêtes préalables les plus nécessaires, l’importante question du rachat des chemins de fer de l’Ouest, avant-coureur d’autres opérations du même genre. Il n’y a guère, dans l’ordre économique, de résolution plus importante : la Chambre l’a prise sans savoir pourquoi, par suite d’une de ces suggestions confuses, mais violentes qui s’emparent quelquefois d’une foule. Le Sénat, heureusement, semble vouloir procéder avec plus de réflexion, et M. le ministre des Travaux publics a perdu son temps auprès de la commission des chemins de fer, lorsqu’il a voulu lui expliquer qu’on pourrait, en bâclant l’affaire avant le 31 décembre, frustrer la Compagnie des avantages plus considérables auxquels lui donneraient droit les plus-values de l’année courante, si elles servaient à établir les annuités qui lui seraient dues. S’il y a des raisons,