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ESSAIS ET NOTICES

LA VIE ET L'ŒUVRE D'HÉRAULT DE SÉCHELLES

Les acteurs du drame révolutionnaire sont certains de ne pas être oubliés : leur mémoire est l’objet d’un culte public, leur figure est souvent évoquée dans les discours de nos orateurs, et leur vie inspire de nombreux écrits. Les historiens se plaisent aujourd’hui à reconstituer l’existence que l’on menait sous la Terreur, et il semble que leur curiosité soit tout particulièrement attirée par le sanglant couperet de la guillottine. C’est ainsi que nous devons aux recherches de M. Emile Dard une nouvelle biographie d’Hérault de Séchelles en même temps qu’une réédition des œuvres littéraires du célèbre Jacobin[1].

« L’opinion commune lui est sévère, — remarque M. Dard au début de son livre, — les partis l’ont traité tour à tour en adversaire et en transfuge[2]. » Si nous examinons, avec l’attention qu’il mérite, l’ouvrage qui achève de nous renseigner sur le rôle du conventionnel, nous verrons que « l’opinion » avait quelque raison d’user de sévérité à l’égard de ce triste personnage.

Hérault de Séchelles n’était âgé que de vingt-cinq ans lorsqu’il fut nommé, le 20 juillet 1785, avocat général du Parlement, grâce à la

  1. Un épicurien sous la Terreur. Hérault de Séchelles (1759-1794), d’après des documens inédits, par M. Emile Dard, 1 vol. in-8o ; Perrin. — Hérault de Séchelles, Œuvres littéraires, publiées avec une préface et des notes, 1 vol. in-16 ; ibid.
  2. Le lecteur voudra bien se rappeler les articles si documentés que M. Ernest Daudet a publiés ici sur le même sujet et qui établissent nettement qu’Hérault de Séchelles fut « un apôtre du terrorisme persécuteur et brutal. » Voyez dans la Revue des 1er, 15 octobre et 15 novembre 1903 : les Dames de Bellegarde.