qu’on avait attaqué se composait de l’élite des troupes tartares. Ce succès leur lit comprendre qu’il leur serait impossible de mieux défendre les autres forts. Ils nous les abandonnèrent.
Nous, compagnies de débarquement, fûmes mises en garnison dans ces forts. Une fois établis, nous y avons vécu d’une façon très agréable, comparativement à notre vie précédente. Nous avons trouvé des glacières, et les Chinois de Takou nous approvisionnent de vivres moyennant quelques vieux habits et de vieilles peaux de mouton. En un mot, nous nageons dans l’abondance.
Le Peï-ho occupé, il ne restait qu’une ressource qui était d’obtenir un traité. En conséquence on partit immédiatement pour Tien-Tsin avec les ambassadeurs.
Les mandarins, plénipotentiaires (je ne sais quels sont leurs titres), vinrent s’entendre avec le baron Gros et lord Elgin.
Les clauses du traité furent établies. Quand il s’est agi d’apposer les sceaux du souverain, ces coquins-là nous ont appris qu’ils ne les avaient pas et qu’ils n’étaient pas plénipotentiaires de l’Empire (7 septembre).
Rien n’était donc terminé et immédiatement les troupes se dirigèrent sur Pékin.
Ce mouvement hardi révolta les Célestes. La violation du droit des gens crie vengeance, et nous sommes tous enfiévrés à la pensée d’un certain nombre de Français et Anglais victimes d’une trahison odieuse et probablement de la cruauté la plus extrême.
M. Parker, vice-consul, le consul anglais et un Français de grande race, M. d’Escayrac-Lauture, chef d’une mission d’exploration et un autre Anglais, M. Wade ou Varde allant à Tong-Chaou, suivis d’une escorte de 15 à 18 hommes, furent emmenés et faits prisonniers (18 septembre).
Réclamations ardentes de la part des chefs alliés, fallacieuses promesses des Tartares. Voilà où nous en sommes. Une telle action veut des représailles, et la barbarie, la cruauté avec lesquelles furent traités les prisonniers, sont odieuses et révoltantes, leur souffrance me fait mal. Nous arrivons à Pékin, décidés à tout, l’artillerie établit ses batteries.
Brûlera-t-on la capitale du Milieu, ne la brûlera-t-on pas ? That is the question. Je crois qu’on la brûlera. La vengeance nous enflamme, nous sommes prêts à tout.