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Tout chante sur mon passage :
Le rossignolet sauvage,
Les arbres, la terre et l’eau.
Le ciel rit, le vent s’arrête ;
On dirait que pour ma fête
Le soleil s’est fait plus beau…

Chez nous la nuit me ramène ;
Mais j’y rentre avec ma peine,
Las et la tête à l’envers.
Au lit où je vais m’étendre,
Le sommeil tarde à me prendre ;
Je languis, les yeux ouverts…

Tout à coup, je vois paraître
Un rayon à la fenêtre :
Est-ce enfin le point du jour ?
Hélas ! non, ce n’est qu’un rêve,
C’est la lune qui se lève
Et qui claire dans la cour !

O lune, lune menteuse,
Descends, n’es-tu pas honteuse
D’aller à si petits pas ?
Là-haut, qu’attends-tu, seulette ?
Si j’avais mon arbalète,
Je te jetterais à bas !…


LE VAL D’AMOREY


La ferme au fond du val chauffe au soleil levant
Ses bâtimens trapus, sa toiture en auvent
Et son jardin clos de plant vif, où les légumes
Foisonnent en dépit de la froideur des brumes.
Devant elle, une gorge allonge entre deux bois
Les ondulations de ses pâtis étroits,
Et s’infléchit au gré d’un ruisselet fantasque,
Qui tantôt en droit fil part et court comme un Basque,
Et tantôt, paresseux, s’alentit et s’endort
Sous le voile mouvant des renoncules d’or.