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REVUES ÉTRANGÈRES




UN NOUVEAU RECUEIL DE LETTRES
DE RICHARD WAGNER




Familienbriefe von Richard Wagner, 1832-1848, 1 vol. in-8o ; Berlin, 1906.


On n’a pas oublié quel événement considérable a été, il y a deux ou trois ans, la publication des lettres d’amour de Richard Wagner à Mme  Wesendonck, et comment elle a fourni à M. Édouard Schuré l’occasion de nous raconter éloquemment, ici même, la « genèse » de l’un des plus personnels et des plus « vécus » des drames wagnériens[1]. Avouerai-je, cependant, que les aventures du genre de celle que nous dévoilent ces lettres ont toujours, pour moi, quelque chose d’un peu choquant, qui m’empêche d’en goûter à loisir l’intérêt romanesque, — je veux dire celles où, derrière les figures des deux amans, s’aperçoivent, ou se devinent, les figures de la femme de l’un d’eux et du mari de l’autre ? Qu’en 1858, dans les derniers temps de son séjour à Zurich, Richard Wagner, qui était marié, ait aimé une dame qui l’était aussi, c’est ce que ses biographes, désormais, seront tenus de savoir ; mais que cette dame, ensuite, non contente de garder les lettres amoureuses de son glorieux ami, ait encore exigé leur publication, c’est de quoi il me semble qu’elle aurait pu se dispenser, sauf pour nous à ignorer quelques-unes des circonstances d’où est sorti le drame de Tristan et Isolde. Le vieux roi Marke, en particulier, tel qu’il

  1. Voyez, dans la Revue du 1er décembre 1904, la Genèse de Tristan, par Édouard Schuré.