Page:Revue des Deux Mondes - 1907 - tome 37.djvu/479

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

l’acte administratif serait passé avec une association conforme à la loi de 1901, parce que la jouissance de l’église pourrait être attribuée pour une durée très longue à un être moral qui se renouvelle et ne meurt pas. Dans le système de la déclaration au contraire, celle-ci devant être renouvelée chaque année, on ne voit pas bien comment la jouissance de l’église pourrait être accordée pour plus d’un an.

Nous nous efforçons de mettre quelque clarté dans une loi où il y en a fort peu. C’est seulement à l’usage qu’on pourrait voir ce qu’elle vaut et quel parti il est possible d’en tirer. Mais en fera-t-on usage ? L’assemblée des évêques sera-t-elle d’avis de le tenter ? Le Pape l’autorisera-t-il ? Ce sont là des questions que nous ne voulons pas préjuger, et du reste comment pourrions-nous le faire ? On répète à satiété qu’une conversation directe, officielle, avouée, entre le gouvernement de la République et le Saint-Siège arrangerait tout. Les difficultés auxquelles on se butte de part et d’autre disparaîtraient comme par enchantement. Et cela, en effet, est probable. Mais il ne faudrait rien connaître des milieux parlementaires et politiques actuels, pour croire à la possibilité immédiate d’une conversation de ce genre. Moins on en parlera aujourd’hui, et mieux cela vaudra, parce qu’on risque, à discuter prématurément des solutions qui ne sont pas encore réalisables, de voir les esprits s’entêter de plus en plus dans des partis pris opposés. Il faut laisser le temps faire son œuvre, ne pas la contrarier et se préparer attentivement et patiemment à en cueillir les fruits quand ils seront mûrs. En attendant, il faut vivre. Dans la période confuse et mal déterminée où nous sommes, il serait imprudent et chimérique de poursuivre des solutions définitives. C’est un modus vivendi imparfait, mais provisoire, que l’épiscopat français cherchera sans doute dans sa prochaine réunion, et nous souhaitons ardemment qu’il le trouve.

Ce que nous désirerions avant tout, c’est que l’épiscopat, après avoir reconnu le terrain autour de lui, y marchât avec résolution et confiance en lui-même. Il connaît aujourd’hui la pensée de Rome, il connaît aussi l’état de la France : son intelligence et son énergie doivent s’appliquer à combiner ces facteurs divers dans des résolutions qui sont attendues de lui avec une légitime impatience. Deux réunions ont déjà eu lieu et elles ont avorté : que dirait-on s’il en était de même de la troisième ? L’épiscopat s’appliquera à conjurer ce danger.

Les événemens du Maroc ne nous ont apporté jusqu’ici qu’une