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tendances du grand parti radical modéré, actuellement au pouvoir, répondent bien réellement au vœu de la majorité éclairée[1] du pays et que les doctrines et les procédés d’un gouvernement vraiment constitutionnel sont appliqués par le roi avec un souci méritoire de correction parlementaire.

L’ordre a été remis dans les finances, grâce à une économie sévère et à une surveillance constante de la bonne gestion des deniers publics. La prodigalité et le gaspillage, sous les rois Milan et Alexandre, conduisaient le pays droit à la banqueroute : de 1881 à 1895, l’État s’était endetté de plus de 362 millions de francs sur lesquels il n’avait effectivement touché que 260 millions ; on avait eu recours à des emprunts ruineux dont le taux réel dépassait parfois 20 pour 100 ; le grand emprunt de 1895, pour la conversion et l’unification de toute l’ancienne dette, dont le montant nominal était de 353 292 000 francs à 4 pour 100, l’ut émis au cours moyen de 69,57, ce qui portait à 5,78 pour 100 le taux réel de l’intérêt. En moyenne, on peut calculer que l’État serbe avait émis ses emprunts à un cours qui dépasse à peine 71 pour 100, ce qui, le taux de l’intérêt étant nominalement de 5 pour 100, donne un taux réel de plus de 7 pour 100. Le change atteignit, à certains momens, jusqu’à 16 pour 100. Une dette flottante très lourde pesait sur le crédit de l’État. Aujourd’hui, ces conditions se sont singulièrement améliorées. L’Administration autonome des monopoles, créée en 1895 pour gérer les revenus que l’État serbe affectait comme gage à son grand emprunt, a beaucoup contribué à rétablir l’ordre dans les finances ; le conseil d’administration des monopoles se compose de six personnes, dont quatre Serbes et deux étrangers désignés par les porteurs d’obligations : l’un d’eux est actuellement un Allemand, l’autre un inspecteur français des finances, M. Sallandrouze de Lamornaix, dont les Serbes se plaisent à reconnaître les éminens services. Cette administration a la haute main sur les monopoles

  1. Quarante pour cent des hommes sont exclus du droit de suffrage par le régime censitaire. Une disposition très curieuse de la Constitution est celle en vertu de laquelle, en tête de chaque liste de candidats, doivent se trouver au moins deux diplômés des Universités ; sans cette précaution, les paysans enverraient il la Skoupchtina une majorité de paysans illettrés : la Constitution assure ainsi sa part à « l’intelligence. » Les élections se font avec le système de la représentation proportionnelle ; pour empêcher l’émiettement des députés entre un trop grand nombre de groupes et faciliter la formation de grands partis de gouvernement, les voix données aux listes qui n’atteignent pas le quotient électoral nécessaire pour avoir un élu, sont reportées sur la liste la plus favorisée.