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porc salé. Aujourd’hui, le courant est établi, les transports organisés : même si la frontière austro-hongroise venait à se rouvrir, une bonne partie des porcs serbes continuerait à être dirigée sur Marseille et Bordeaux et non plus sur Budapest.

L’été et l’automne sont maintenant passés et l’expérience est faite. Le paysan serbe a vendu ses porcs à un prix suffisamment rémunérateur (0 fr. 80 le kilogramme). Les pruneaux et marmelades de prunes ont été, comme auparavant, exportés sur l’Allemagne. Les blés, seigles, orges, avoines et maïs, qui ne passaient par la Hongrie que pour y être réexpédiés, ont été envoyés directement, par Varna, Braïla ou Salonique, à Anvers, à Rotterdam et dans les ports allemands. C’est pour le gros bétail vivant que la difficulté a été la plus grande : des envois ont été faits par bateaux sur l’Égypte, Malte, les ports de la Méditerranée, mais le transport de bétail vivant est toujours coûteux et comporte de sérieux aléas ; d’ailleurs, l’exportation du bétail serbe est très limitée ; les agriculteurs eux-mêmes demandent qu’elle soit restreinte pendant trois ou quatre ans et le gouvernement annonce l’intention de prohiber l’exportation des vaches et des animaux reproducteurs pour ne permettre que celle des bœufs dont le poids dépassera 1 000 kilogrammes par paire. Sans doute la crise n’est pas passée inaperçue et a causé des souffrances et des pertes : l’État, tout le premier, a dû dépenser une partie du fonds de 500 000 francs, voté pour la recherche des débouchés nouveaux, à payer aux exportateurs des primes destinées à leur permettre de parfaire, pour la satisfaction des paysans vendeurs de porcs, le prix de 0 fr. 80 le kilogramme que les cours normaux de la viande n’atteignaient pas toujours. Les plus mécontens sont les marchands en gros qui achetaient les porcs aux paysans pour les exporter à Budapest : les éleveurs amenant presque tous directement leurs bêtes aux abattoirs de Belgrade, l’intermédiaire s’est trouvé supprimé ; mais les paysans ont peu souffert de la crise ; les impôts sont rentrés normalement ; au 10 octobre dernier, les chiffres de l’exportation serbe, pour 1906, étaient déjà égaux à ceux de toute l’année 1905 ; enfin, la plus-value des monopoles qui avait atteint 12 millions et demi en 1905 et que l’on redoutait de voir baisser, s’est au contraire accrue et elle a atteint 14 millions et demi. Ainsi se trouve assuré, et au-delà, le gage de l’emprunt nouveau que l’État serbe va contracter.