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y demandait, pour reprendre les pourparlers sur le traité de commerce, non seulement la commande de l’artillerie de montagne (neuf batteries, avec un approvisionnement de 2 000 coups par pièce, soit une commande de 2 millions et demi de francs environ), mais encore la commande de tout le matériel accessoire de l’artillerie de campagne, caissons et muni lions ; il ne serait resté pour le Creusot que les tubes des canons, c’est-à-dire une commande insignifiante. Cette nouvelle communication, si grandes que fussent les exigences quelle formulait, ouvrait, du moins, la porte à des négociations ultérieures, puisqu’elle demandait que le cabinet de Belgrade y répondît par des propositions qui pussent servir de thème à la conversation. Très résolument, M. Pachitch rejeta ces nouvelles conditions ; il comprit que l’armée serbe ne verrait pas sans inquiétude ni mécontentement fabriquer ses munitions en Autriche et qu’en cédant sur la question des canons, il perdrait tout le bénéfice de la campagne diplomatique qu’il avait conduite. À la suite de nouvelles expériences, faites au Creusot au commencement du mois d’octobre dernier, la commande de quarante-sept batteries de campagne, avec leurs caissons et un approvisionnement de 2 000 coups par pièce, a été définitivement faite aux usines Schneider et Cie. En même temps, le gouvernement serbe poursuivait les pourparlers pour la conclusion de l’emprunt et entamait une négociation pour la conclusion d’un nouveau traité de commerce avec la France. M. Patchou, ministre des Finances, s’abouchait, à Genève, avec les représentans du groupe des banques françaises et de la banque franco-suisse, et la question de l’emprunt était définitivement réglée ; en décembre, la Skoupchtina, après de violens débats où l’opposition multiplia les réquisitoires les plus acerbes contre la politique de M. Pachitch, adopta, par 88 voix contre 55, le projet du gouvernement. L’emprunt de 95 millions à 4 et demi pour 100 va être émis prochainement à Paris ; il est pris, brut, par les banques, à 90 francs ; ce taux, qui constitue un très grand progrès sur les précédentes émissions, témoigne de la prospérité des finances serbes et de l’amélioration du crédit de l’État.

La rupture des relations commerciales avec l’Autriche laissait sans bases et sans règles nos relations commerciales avec la Serbie ; nos marchandises jouissaient, en effet, du traitement de la nation la plus favorisée auquel un traité de commerce apportait