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nos finances et notre commerce, des avantages appréciables. La France n’a, dans les Balkans, aucune ambition particulière ; elle seule, peut-être, n’est pas suspecte, aux yeux des populations indigènes, qu’elles soient slaves, grecques ou roumaines, de rechercher des avantages territoriaux ; elle inspire confiance aux petits États, parce qu’elle est trop loin pour leur porter ombrage et parce qu’ils vénèrent en elle la grande nation émancipatrice. Il est bon qu’on le sache, chez nous : en Serbie, en Bulgarie, en Roumanie, au Monténégro, le Français est aimé, on parle sa langue, on admire sa civilisation, on recherche sa culture, on l’ait volontiers, quand il s’y prête, des affaires avec lui. À nous de profiter de ces bonnes dispositions, comme nous venons de le faire en Serbie, pour servir nos intérêts tout en travaillant à apaiser les discordes et à prévenir les conflits. En aidant, dans toute la mesure où nous le pouvons, au développement légitime des petits États danubiens et balkaniques, nous contribuons à fortifier, au Sud-Est des pays germaniques, l’utile contrepoids que jadis nos rois allaient chercher chez les Turcs ; nous préparons à nos capitaux, à nos ingénieurs, à nos commerçans, un riche terrain d’activité ; et enfin, à notre civilisation, à nos lettres, à nos arts, à nos idées, à notre langue, nous ouvrons un vaste champ d’expansion. N’y aurait-il pas là, en trois articles, le programme de toute une politique ?


René Pinon

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