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ŒUVRES SOCIALES DES FEMMES

L’ÉDUCATION SOCIALE DE LA FEMME

On a beaucoup attaqué le féminisme, on s’en est moqué aussi : il a irrité, il a indigné, il a fait rire : critiques, blâmes, satires, quolibets, on ne lui a rien épargné. L’esprit public s’est très vite composé de la féministe un portrait assez conventionnel et qui touchait à la caricature : la féministe était une vieille fille, laide, grotesquement habillée, d’allures masculines, bruyante, bavarde, qui, négligée par les hommes, n’avait que de l’aigreur contre la vie en général, contre le sexe fort en particulier et se tenait toujours prête à partir en guerre contre l’un et l’autre. Si l’on prenait la peine de rechercher les nombreux dessins qu’elle a inspirés et de les synthétiser, on trouverait que l’imagination des artistes a conçu pour la représenter un type où se réunissent les différens traits populaires de l’institutrice besogneuse et acariâtre, de l’Anglaise excentrique, et de l’étudiante nihiliste. Ils allient en elle avec persistance à un extérieur assez comique une âme de révolutionnaire. Une caricature renferme toujours une parcelle de vérité, sinon plusieurs. Et il est bien certain qu’il y a une sorte de féminisme qui mérite en quelque façon par ses violentes extravagances et les colères qui se sont déchaînées et les plaisanteries qui se sont donné libre cours.

Lorsque Olympe de Gouges remit à la Constituante une déclaration des droits de la femme et de la citoyenne, d’après laquelle la femme naissait égale à l’homme en droits, devait voter les lois et devait être admise à tous les emplois, dignités et