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Une vive approbation a accueilli une innovation toute récente du Foyer. Mme Thome, écrit M. Max Turmann, « avait constaté qu’une infirmité trop fréquente des femmes d’œuvres est de ne pas oser parler dans les œuvres populaires auxquelles elles se donnent ; c’est presque toujours un homme qui parle, et les hommes, malgré leur bonne volonté, ne rencontrent pas toujours la note désirable : une mère toucherait bien mieux ces cœurs de mères[1]. » Mme Thome voulut donc habituer la femme d’œuvres à s’exprimer avec facilité, et leur offrit au Foyer un enseignement qu’elles répandraient ensuite dans les milieux populaires où elles fréquentaient plus spécialement : ainsi elles pourraient ensuite éclairer à leur tour les femmes du peuple sur les choses qui leur sont le plus utiles, éducation des enfans, choix d’une profession, épargne ou budget ouvrier. On commença ces petites causeries préparatoires en février 1905 ; elles avaient lieu le vendredi et durèrent jusqu’en avril, et ce fut Mlle de Gourlet, que nous retrouverons encore au cours de ces articles, soit qu’il s’agisse de la Maison sociale, soit qu’il s’agisse de l’Œuvre des enfans de France, qui se chargea des six premières. Ces six causeries traitèrent « du travail de la femme en général, du travail de la femme au foyer, du travail industriel de la femme à l’atelier ou à domicile et des métiers, du travail industriel de la femme à l’usine et de sa législation, des professions féminines, et du travail social de la femme dans les classes laborieuses. »


Ces causeries que Mme Thome souhaite établir et rendre fréquentes et naturelles entre les femmes du monde et les femmes du peuple, on peut les rapprocher de ces cercles d’études de jeunes filles et de femmes qui se sont formés sur quelques points de la France et qui rassemblent à la fois des personnes de condition aisée, des ouvriers et des employés. Quelques jeunes filles dévouées à l’œuvre des patronages eurent l’idée de se grouper une ou deux fois par semaine pour étudier certaines questions religieuses ou sociales, dont elles s’avouaient à peu près complètement ignorantes, très embarrassées qu’elles étaient souvent pour répondre aux questions que leur posait un enfant. On devine qu’elles rencontrèrent bien des difficultés dont les moins grandes ne vinrent pas de leurs parens. Une d’entre elles

  1. Initiatives féminines, par M. Max Turmann, p. 272. Lecoffre.