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différens, quant au style, aux mots, à la grammaire et à la prononciation.

Il en a été de même du latin , depuis les vieux législateurs, historiens et poètes des IVe et IIIe siècles avant notre ère, jusqu’à Sulpice Sévère, Sidoine 1pollinaire et Grégoire de Tours ; à la suite desquels il conviendrait d’ajouter l’immense littérature latine du moyen âge, qui a prolongé de dix siècles l’empire littéraire de la langue romaine. Une influence réciproque s’exerçait d’ailleurs, entre les variations de cette langue savante et sacerdotale, et le français d’alors, réputé vulgaire et dédaigné.

Or, il en a été précisément de même de notre langue française, depuis le IXe siècle, où elle apparaît comme langage distinct, au moment où les nationalités de l’Europe centrale, violemment assemblées par la force dans l’empire franc, se séparent et se manifestent.

Les monumens écrits depuis cette époque permettent de constater de la façon la plus nette les variations successives de la langue parlée : elles ont été retracées et discutées par les savans et les critiques les plus habiles et les plus compétens. Chacun, d’ailleurs, peut en constater toute l’étendue, par un coup d’œil comparatif jeté sur les écrivains français : en prose, de Villehardouin et Joinville à Froissart, à Comines, à Rabelais et à Montaigne ; en poésie, depuis les chansons de geste jusqu’à Ronsard et aux poètes du XVIe siècle ; et non moins jusqu’au temps de nos écrivains devenus classiques depuis le XVIIe siècle, et qui sont l’objet des études courantes des écoliers d’aujourd’hui, en France et à l’étranger. Pour constater toute l’étendue des variations de l’orthographe, en particulier avant la Renaissance, il suffit d’ouvrir le Dictionnaire de l’ancienne langue française du IXe au XVe siècle, composé par Frédéric Godefroy, en dix volumes, comprenant de 40 000 à 50 000 mots environ.

Rappelons ici pour mémoire les profondes études des savans français et étrangers, qui se sont succédé au cours du XIXe siècle, et sans sortir de notre temps et de notre pays, citons entre autres, et en quelque sorte au hasard, pour ne pas procéder à des énumérations, les publications du regretté Gaston Paris et de M. Paul Meyer, l’Histoire de la langue et de la littérature française par Petit de Julleville, le cours de M. Ferdinand Brunot, à la Sorbonne, etc., etc.

Jusqu’au XVIe siècle, il n’existe pas à proprement parler de