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Malheureusement, cet état idéal n’a jamais existé pour aucune langue, malgré les efforts des grammairiens. En ce qui touche la prononciation en particulier, l’histoire nous apprend qu’elle varie pour un même mot dans le temps et dans l’espace. J’examinerai de plus près ces variations et le remède que l’on y a proposé, dans une autre partie de la présente étude, ainsi que les objections qu’il soulève.

Quoi qu’il en soit, les promoteurs universitaires de la réforme actuelle ont trop de bon sens, et d’expérience de l’enseignement, pour proposer le phonétisme comme principe unique et absolu des modifications qu’ils voudraient établir. Dans leurs rapports, ils ont introduit divers tempéramens, désignés aussi sous le nom un peu arbitraire de principes.

Tel est le principe dit de conformité, qui consiste à maintenir entre certains mots générateurs, supposés plus rapprochés des racines étymologiques, et les autres mots dérivés de la même racine, une conformité d’orthographe.

Ils y ont joint un principe, dit d’analogie, qui consiste à adopter une orthographe unique pour la représentation des syllabes réputées jouer un rôle analogue, — ce qui est vague ; — et prononcées d’une façon identique, — ce qui est parfois contradictoire avec les déductions méthodiques du principe de conformité. Ils s’efforcent d’éviter de rien innover contre la prononciation et de choquer trop fortement les usages reçus. En particulier, on doit, disent-ils, respecter les lois de formation des désinences caractéristiques des accords entre les différens groupes de mots : substantifs, adjectifs et verbes.

De là, tout un ensemble d’exceptions, que les partisans de la réforme orthographique n’ont guère cherché à ramener à des règles précises. Ils ne se sont pas non plus prononcés d’une façon nette sur l’intervention de l’accent tonique, dans la comparaison de l’orthographe des mots générateurs ou radicaux et de leurs dérivés. A cet égard, les systèmes adoptés ou proposés ne sont ni clairs, ni homogènes. Ils abondent en contradictions, qui n’ont pas empêché leurs auteurs de les gratifier du nom tendancieux d’» orthographe rationnelle. »

Nous allons examiner de plus près les questions posées à propos de la réforme de l’orthographe ; nous bornant d’ailleurs à quelques exemples, sans prétendre reproduire ici l’énumération de toutes les défectuosités, par excès ou par défaut, de la