Page:Revue des Deux Mondes - 1907 - tome 37.djvu/741

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

De même, les mois en el, ciel faisant cieux ; on écrit déjà ciels de lit ;

On écrit d’ailleurs le miel et les miels, le fiel et les fiels.

De même le pluriel des mots en ol, qui font le plus souvent ols, mais quelquefois ous : fol, fous ; col, cous, etc.

3o  Suppression des lettres parasites : et des lettres redoublées. — La suppression des lettres parasites et des lettres redoublées est une des propositions favorites des réformateurs de la langue : il s’agit de la suppression des lettres écrites qui ne se prononcent pas. Cette suppression a déjà été exécutée en pratique pour un certain nombre de mots ; nous écrivons aujourd’hui savoir aï sucer, et non sçavoir et sugcer, par exemple ; et beaucoup de personnes suppriment le t dans le pluriel des substantifs en ant et ent. Mais la généralisation de ce principe comporterait des conséquences aussi nombreuses que singulières.

En premier lieu, si l’on procédait avec une rigueur purement logique, on devrait supprimer les lettres représentatives des accords grammaticaux, tels que le s’au pluriel, les lettres ent de la troisième personne des verbes, etc. ; ainsi que les lettres non prononcées, dans l’accord des substantifs et des adjectifs, ou dans le passage d’un mot masculin au féminin ; aimé et aimée, etc. Ce genre de réformes n’a pas échappé à certains innovateurs. Mais il résulterait de ces suppressions des troubles trop grands dans la grammaire, et dans les liaisons entre mots, pour que les gens les plus prudens aient cru pouvoir les préconiser.

Une autre réforme non moins grave, suggérée par un phonétisme conséquent, serait la suppression de l’e muet, surtout à la fin des mots. Si on la combine avec celle de l’h muette et des lettres redoublées, on sera conduit à écrire ; l’om, au lieu de l’homme ; la fam au lieu de la femme, l’eur au lieu de l’heure, de même théorie deviendrait téori, etc.

En fait, ces conséquences extrêmes du système phonétique ne sont pas proposées par la plupart des réformateurs. Ils se limitent à l’e muet intérieur : soirie au lieu de soierie ; cotlette au lieu de côtelette ; erment (analogue à serment), au lieu de errement, etc.

La plupart réclament la suppression des lettres parasites introduites au XVIe siècle, en vertu du principe étymologique, et qui ne se prononcent pas. Telles sont le p de compte et compter (ce qui entraîne le changement de m en n : conter) ; le p de