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littéraire et les perceptions auditives individuelles des personnes qui les proposent. Ils ont été signalés pour la plupart, en passant, dans les pages qui précèdent. Il convient d’y revenir et d’en faire une brève discussion.

Rappelons d’abord la difficulté relative aux homophones de même orthographe ; elle est évidemment sans remède.

La difficulté qui concerne les homophones d’orthographe différente n’a reçu que des solutions arbitraires, dont l’application empirerait l’état présent de l’orthographe. Mais passons.

Quelques-unes des exceptions au principe général du phonétisme ont été qualifiées de principes, secondaires, dit-on. Tel est le principe de conformité entre les mots dérivés d’un même générateur ou radical : c’est en réalité la réintroduction, dans un grand nombre de cas, de la notion si honnie d’étymologie ; d’autant plus nettement qu’il est parlé ici de l’origine historique des mots.

Le principe d’analogie est plus vague encore : les applications qui peuvent en être proposées pour modifier l’orthographe des mots, particulièrement en ce qui touche les lettres redoublées, vont à l’encontre de la prononciation plus accentuée du français, par les personnes élevées dans les provinces méridionales ; beaucoup de lettres redoublées, non prononcées à Paris, deviennent alors très manifestes. Elles le sont d’ailleurs souvent en raison du déplacement de l’accent tonique, laissé dans l’ombre par nos réformateurs. Or il joue un grand rôle, impossible à contester si l’on compare les prononciations vives ou traînantes, nasales ou gutturales, du même mot dans nos différentes provinces. De même, les lettres redoublées du subjonctif, l’identité de prononciation avec orthographes différentes de l’infinitif des verbes et du participe passé ; celle des différentes personnes des temps verbaux : j’aime, tu aimes, ils aiment. Ici intervient évidemment l’obligation de subordonner le phonétisme aux règles grammaticales d’accord et de conjugaison, et, même dans le cas où ces règles n’entrent pas en jeu, l’obligation de tenir compte des lettres de liaison finale, ou médiane, entre les syllabes, conformément aux usages.

Telles sont par exemple, les lettres réputées parasites et les désinences verbales, pour les verbes en re précédé du d : mordre rendre, prendre, auxquels on ne saurait supprimer cette lettre, comme on l’a proposé en écrivant le présent : je mors, je rens,