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Page:Revue des Deux Mondes - 1907 - tome 37.djvu/752

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On sait, en effet, que l’on peut obtenir deux sortes de photographies colorées, les unes, fabriquées par la superposition de trois images colorées, et seulement approximatives ; les autres tout à fait absolues, réalisées par les procédés de M. Lippmann.

De même, les tracés phonographiques et phototéléphoniques, développés à un certain degré, fournissent des courbes approximatives, reproduisant les sons d’une façon un peu grossière ; tandis qu’un développement plus complet et plus minutieux reproduirait toutes les nuances de la voix.

Mais on n’a pas réalisé jusqu’ici, même le premier degré de visibilité approximative, ni de la courbe phonographique, ni de la courbe phototéléphonique. Tant que ces tracés n’auront pas été suffisamment amplifiés pour que l’on puisse définir et caractériser, par une analyse minutieuse de leurs composantes sinusoïdales, chacun des sons produits, soit par une voix humaine, soit par une source quelconque, il ne sera pas possible de relier les sons à l’écriture par une définition rigoureuse et indépendante. Or nous sommes encore bien loin de pouvoir procéder à une semblable analyse.

En résumé, le phonétisme ne repose que sur des bases un peu flottantes et dont la définition est insuffisante. Il est incontestable qu’il doit jouer un rôle essentiel dans la fixation de l’orthographe ; mais celle-ci ne saurait procéder d’une base unique. Cela serait en opposition avec les notions qui président à l’évolution si complexe des êtres vivans et de leurs produits. En effet, une telle évolution, de même que tout phénomène naturel, résulte d’un équilibre entre un certain nombre de forces, ou plus exactement, d’actions opposées les unes aux autres.

Les compromis. — En fait, dans le cas de la réforme de l’orthographe, l’imposition d’une règle unique et absolue obligerait à rompre avec toutes les habitudes reçues, soit comme pratique de la langue, parlée et écrite, dans ses règles et dans son aspect même, certains mots étant défigurés d’une façon bizarre. Aussi les réformateurs se sont-ils efforcés de parer à cette objection, en essayant de divers tempéramens, supposés d’ailleurs provisoires et admis, propter duritiem temporum ; tels que ceux qui ont été si souvent acceptés dans les institutions de tout genre, pendant le cours des siècles. Ces compromis sont multiples, ils varient comme définitions et comme applications. Ils varient également et leur extension se modifie, suivant le goût