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réformes. Il ne faudrait pas croire, en effet, qu’il s’agisse uniquement de quelques petites modifications de l’orthographe, telles que la suppression des lettres y et ph et celle de l’h muette, modifications accomplies sans difficulté en allemand et en italien.

Les réformes proposées par les réformistes et par les commissions officielles ont une étendue incomparablement plus vaste et plus discutable. Elles comprennent plusieurs milliers de mots, et comportent une multitude de difficultés, d’équivoques et de compromis, ainsi qu’il résulte déjà des explications données dans les pages précédentes. Ceci est d’autant plus grave qu’il ne s’agit, dans la pensée des réformistes, que d’un commencement.

Sans remonter bien haut à cet égard, il suffira de comparer les deux rapports des commissions officielles, publiés à ce sujet en 1903 et 1906. Le rapport d’une première commission, chargée en 1901, par arrêté ministériel, de préparer la simplification de l’orthographe française, rapport rédigé par M. Paul Meyer, dont chacun sait la grande et légitime autorité en philologie, puis présenté au ministre, propose un certain nombre de réformes. M. Emile Faguet, de l’Académie Française et de la Faculté des lettres, dans une publication faite en 1905, avec la discrétion d’un esprit modéré, en adoptait quelques-unes, en excluant les autres.

Depuis, une seconde commission ministérielle, chargée de préparer un arrêté relatif à cette simplification, a confié son rapport à M. Brunot, professeur distingué de la Faculté des lettres ; il vient d’être publié dans la Revue de Paris (novembre 1906).

Or ce rapport, très étudié, constitue une surenchère sur celui de M. Paul Meyer. Nous ne sommes pas d’ailleurs au bout ; car le rapporteur est le premier à reconnaître l’insuffisance de ses propositions, qui portent la trace de compromissions souvent contradictoires.

On voit par là quelles conséquences et quels dangers résulteraient d’une réforme de la langue accomplie d’autorité, en dehors de l’usage courant, et en vertu de conceptions prétendues rationnelles. On peut déjà juger de leur étendue, en lisant jusqu’où vont aujourd’hui, dans leurs textes imprimés, certains journaux dits réformistes.

Les réformes proposées par la Commission ne tarderaient