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à ces chefs, il redit avec énergie : « Comprenez-moi bien. Je ne juge pas la hiérarchie : je reconnais et j’honore l’autorité de la hiérarchie. » Le principe est nettement posé ; il ne l’est pas en passant, et comme par mesure de précaution ; il est donné comme une base indispensable et comme un point de départ essentiel.

Ainsi donc Fogazzaro est intégralement, ardemment, humblement catholique.

Quel vêtement veut-il donc changer au sein maternel ? Giovanni Selva l’indique d’une façon très nette : « Nous voulons des réformes dans l’enseignement religieux, des réformes dans le culte, des réformes dans la discipline du clergé, des réformes aussi dans le suprême gouvernement de l’Église. » On le voit : pas un mot d’insurrection contre le dogme, et quoi de surprenant, si nous croyons avoir démontré que l’existence de la révélation est un des pivots du système philosophique de Fogazzaro ? pas un mot contre le principe même de l’autorité, et quoi d’étonnant, si Fogazzaro croit de foi profonde que l’Église catholique est l’unique dépositaire de cette vérité révélée et par conséquent la mandataire de Dieu lui-même ? Mais l’Église catholique, précisément parce que Dieu lui a confié ce rôle et parce qu’elle doit le jouer parmi les hommes, c’est-à-dire par des moyens et par des organes humains, l’Église catholique se compose de deux élémens bien distincts. Elle est divine et elle est humaine. Elle est dépositaire de l’immuable et de l’éternel, mais elle le réalise dans le temps et dans le contingent, et par là elle doit nécessairement participer à l’imperfection et à la corruption de tout ce qui est créé. Elle-même l’a maintes fois reconnu. A diverses reprises elle a entrepris des réformes dans son propre sein. Ce que déclare Fogazzaro, c’est que le moment est venu d’y procéder une fois de plus.

Corruption dans ses agens, imperfection dans ses ministres : les messagers de la Divine Lumière s’attachent trop aux choses du temps ; ils ne dépouillent pas assez le vieil homme et leur cœur adhère trop souvent aux avantages du siècle. La richesse ne leur paraît pas assez incompatible avec l’esprit apostolique, et trop éloignés eux-mêmes de la sainte pauvreté, ils révèrent chez les autres le faste, le luxe et la mondanité. Puis, leur rôle auguste de dépositaires de la vérité les incite trop à s’en prévaloir pour dominer en tout et pour se croire en toutes choses