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— L’Église est le trésor inépuisable de la vérité divine;... l’Église ne meurt pas, l’Église ne vieillit pas, l’Église a dans son cœur le Christ vivant, mieux qu’elle ne l’a sur les lèvres ; l’Église est un laboratoire de vérité sans cesse en action, et Dieu ordonne que vous restiez dans l’Église, que vous opériez dans l’Église, que, dans l’Église, vous soyez des sources d’eau vive.

Un souffle d’émotion et d’admiration agita l’auditoire, tel un murmure de brise ; Benedetto, qui avait peu à peu élevé la voix, se mit enfin debout.

— Mais quelle est donc votre foi, s’écria-t-il avec chaleur, si vous parlez de sortir de l’Église parce que vous êtes choqués par certaines doctrines surannées de ses chefs, par certains décrets des congrégations romaines, par certaines visées du gouvernement d’un Pontife ? Quels fils êtes-vous donc, si vous parlez de renier votre mère parce qu’elle ne s’habille pas à votre guise ? Un vêtement change-t-il le sein maternel ?


Et il ne s’agit pas d’une adhésion purement intellectuelle, accompagnée de sympathie plus ou moins lointaine pour l’Église pratiquante. Fils de l’Église par la foi, il faut l’être aussi dans l’exercice régulier du culte. Cette recommandation est sans doute des plus graves aux yeux de Benedetto, puisqu’elle figure parmi celles qu’il adresse sur son lit de mort aux disciples accourus vers son suprême enseignement :


Priez sans trêve et enseignez à prier... Que chacun de vous accomplisse les devoirs du culte ainsi que l’Église l’ordonne, selon une stricte justice et avec une parfaite obéissance.


Enfin, la soumission à l’Église n’entraîne pas seulement pour un catholique l’abandon de son âme à Dieu et de son esprit à la vérité révélée, mais encore l’obéissance aux chefs visibles. Quoi qu’on ait pu dire et écrire, la stricte nécessité de cette obéissance à l’autorité légitime, à la hiérarchie sacrée est à plusieurs reprises affirmée par l’auteur de Il Santo. Lorsque les réformateurs se réunissent chez Giovanni Selva pour échanger des idées et concerter un plan d’action, ils commencent par prier en commun : leur second mouvement est de se déclarer soumis à l’autorité ecclésiastique. Giovanni Selva y insiste : il faut que les réformes soient proposées par l’autorité légitime, et le but premier d’une action réformatrice est d’y convertir cette autorité. Quand Benedetto est chassé par le Père Abbé du couvent de Subiaco, l’une des trois conditions que lui pose dom Clément pour le revêtir de la robe bénédictine est de promettre l’obéissance à l’autorité de la Sainte Église. Enfin dans ses entretiens des Catacombes, alors que pourtant il adresse de sévères critiques