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nombre d’instrumens, et permettant un séjour plus ou moins prolongé. C’est ce que M. Janssen fit comprendre dans le rapport qu’il lut à l’Académie des sciences sur son expédition de 1890, et son appel fut entendu. M. Bischoffsheim, que la mort a enlevé il y a quelques mois à la science qu’il aimait, offrit immédiatement 150 000 francs ; le prince Roland Bonaparte souscrivit pour 100 000 francs, le baron Alphonse de Rothschild pour 20 000 francs ; M. Janssen s’était inscrit pour 10 000 francs comme promoteur. Ainsi, dès le début, le sort du nouvel observatoire pouvait être considéré comme assuré. Peu après, les coopérateurs de l’entreprise se constituèrent en une société qui comprenait : MM. Léon Say, président d’honneur ; Janssen, président ; Bischoffsheim, secrétaire ; Ed. Delessert, trésorier ; prince Roland Bonaparte, baron A. de Rothschild, comte Greffulhe, membres. Léon Say, qui s’y intéressait beaucoup, se faisait fort d’obtenir une subvention annuelle de l’État.

Les études préliminaires, relatives à l’établissement de l’observatoire, furent commencées au mois d’août 1891. Il s’agissait tout d’abord de se rendre compte de l’épaisseur de la calotte de glace qui couvre le sommet du Mont-Blanc. M. Eiffel avait promis de faire exécuter, à ses frais, les sondages nécessaires, et il en avait chargé un ingénieur suisse, M. Imfeld.

Le sommet du Mont-Blanc est formé par une arête de rochers très étroite et de plus de 100 mètres de long, orientée de l’Ouest à l’Est. Cette arête, terminée probablement en aiguilles, a été empâtée par la neige, et il s’est formé une croûte qui doit être bien plus épaisse du côté Nord que du côté Sud, où elle est exposée à des vents moins froids. Deux galeries horizontales, chacune de 23 mètres de longueur, creusées à 12 mètres environ au-dessous de la crête, n’ont pas rencontré de rocher ; on n’a trouvé que de la neige durcie. Il est donc probable que la croûte glacée qui recouvre la tête du Mont-Blanc a plus de 12 mètres d’épaisseur, et M. Janssen a tout de suite songé à une solution du problème dans des conditions toutes nouvelles, qui consistait dans l’établissement d’une construction assise sur la neige dure et permanente qui forme la cime du Mont-Blanc.

Les récits des ascensions du siècle dernier prouvent que l’aspect des petits rochers situés près du sommet n’a pas beaucoup changé, et l’on peut en conclure que la configuration du sommet et de sa calotte neigeuse ne subit que des changemens insignifians