Aller au contenu

Page:Revue des Deux Mondes - 1907 - tome 37.djvu/893

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

M. Janssen put entreprendre une nouvelle ascension en 1895 ; elle avait pour but principal de constater que toutes les pièces de la grande lunette de 0m, 33 d’ouverture, destinée à l’Observatoire, y étaient parvenues en bon état, et pourraient y passer l’hiver sans danger. La lunette en question devait être montée en sidérostat polaire. La lunette, dont l’axe coïncide avec l’axe du monde, reçoit alors les rayons réfléchis par un miroir. (Le miroir, de 0m, 60 de diamètre, avait été offert par les frères Henry, ainsi que l’objectif.) Tous les mouvemens sont commandés du poste où se tient l’observateur, qui dès lors n’a pas besoin de se déplacer et peut se tenir dans une pièce close et bien chauffée. Ce bel instrument, dont le mécanisme est dû à M. Gautier, a pu être monté, non sans difficulté, dans le courant de l’année 1896.

Il s’agissait aussi d’inspecter le météorographe enregistreur, qui avait été installé en 1894, et qui s’était arrêté. Cet appareil, construit par M. Jules Richard, est actionné par un poids de 90 kilos qui descend de 5 à 6 mètres en huit mois et donne le mouvement à une pendule qui le transmet aux organes des enregistreurs ; on obtient ainsi l’enregistrement continu de la pression barométrique, de la température, de l’humidité, de la vitesse et de la direction du vent. Il fut constaté que l’appareil manquait de stabilité, et on parvint à le remettre en marche en lui donnant un support indépendant du plancher. Mais cet instrument n’a jamais pu fonctionner très régulièrement. Un autre météorographe, qui doit marcher huit mois sans être remonté, a été installé à la station des Grands-Mulets.

Il faut dire ici que la question des météorographes à très longue marche, propres à être placés dans une station de montagne pour y remplacer l’observateur pendant la mauvaise saison, est très délicate et appelle de nouveaux essais. M. Janssen s’en est beaucoup préoccupé, et a proposé une solution nouvelle, qui consiste à emprunter la rotation et la chute du cylindre enregistreur à son propre poids ; le résultat s’obtient à l’aide d’une vis à pas très allongé qui porte un écrou relié au cylindre. M. Poncet, professeur d’horlogerie à l’école de Cluses, s’est chargé de construire un météorographe de ce genre. Jusqu’ici, autant que je sache, la durée de la marche de ces sortes d’enregistreurs n’a pas dépassé huit ou neuf mois.

Lors de cette dernière visite, M. Janssen a encore cherché à se renseigner sur les mouvemens que l’édifice avait pu éprouver