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en calories par minute et par centimètre carré, la puissance du rayonnement solaire avant son entrée dans l’atmosphère terrestre). Les traités de physique un peu anciens assignent à cette constante des valeurs inférieures à 2 calories, qui datent de Pouillet et de son pyrhéliomètre. Mais, peu à peu, on a été amené à augmenter ce nombre. M. Violle, ayant fait, au mois d’août 1875, l’ascension du glacier des Bossons et du Mont-Blanc, a trouvé 2 cal. 54. M. Crova, le savant physicien de Montpellier, a trouvé 2 cal. 83, au mont Ventoux. En 1881, Langley, ayant opéré au sommet du mont Whitney, à une altitude de 4 460 mètres, tire de ses expériences un nombre qui dépasse 3 calories ; Savélieff, à Kief, trouve 3,5, et Knut Angström (qui avait gravi le pic de Ténériffe) propose d’adopter 4 calories.

Ces discordances tiennent, d’une part, à la diversité des procédés d’observation, et de l’autre, aux circonstances atmosphériques, toujours si variables, aux causes de trouble dues à la présence de la vapeur d’eau, des poussières minérales, des poussières de neige, soulevées par les vents. Ces impuretés, souvent invisibles, résident dans les parties basses de l’atmosphère ; elles forment ce qu’on a pu appeler la vase atmosphérique ; et, comme elles sont une cause d’absorption énergique qui affaiblit l’intensité des rayons, on recherche, pour y échapper, les hautes régions, par un temps calme et froid.

En 1896, MM. Crova et Houdaille ont tenté quelques expériences à Chamonix (altitude 1 050 mètres), et aux Grands-Mulets (3 020 mètres). Ces expériences ont été reprises, l’année suivante, par un jeune Russe attaché à l’observatoire de Meudon, M. Hansky. Ce dernier put observer successivement au Brévent, aux Grands-Mulets, puis au sommet du Mont-Blanc, en faisant usage des appareils de M. Crova, et en se laissant guider par ses conseils ; la discussion de ses expériences lui donna, pour la constante solaire, le nombre 3,4. Il a pu répéter ces observations en 1898, 1900 et 1904, et il s’est arrêté au nombre 3,3, comme représentant la valeur la plus probable de la constante solaire Il pense qu’elle est certainement comprise entre 3,0 et 3,5, et, en tout cas, supérieure à 2,5, nombre que Langley a obtenu, en dernier lieu, avec son bolomètre. On voit que les physiciens ne sont pas encore d’accord sur la vraie valeur de la constante solaire, — si constante il y a, car, après tout, rien ne prouve que la radiation solaire ne varie pas. Il serait assurément intéressant