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sur laquelle on se mette d’accord, si pour la première fois une entente se produit, un pas considérable aura été fait vers l’apaisement. En sera-t-il ainsi ? Nous n’en savons rien encore ; mais il y a de part et d’autre une bonne volonté évidente, et, dès lors, il est permis d’espérer. À chaque jour suffit sa peine : puissent, pour le moment, tant d’efforts n’avoir pas été dépensés en pure perte !

C’est aussi le souhait qu’exprimait en termes plus généraux M. le comte d’Haussonville, en recevant, le 7 février, M. le cardinal Mathieu à l’Académie française. Il était difficile de ne pas parler de la situation religieuse dans cette solennité, puisque le cardinal Mathieu n’est pas seulement un membre du Sacré-Collège, mais qu’il a publié un livre important sur le Concordat. Le très beau discours du récipiendaire a été à peu près uniquement consacré à son prédécesseur, Mgr Perraud, dont il a fait revivre l’image en traits saisissans. Quant à M. d’Haussonville, parlant du Concordat, sinon en lui-même, au moins dans la manière dont il a été souvent appliqué au cours de ces dernières années, il a déclaré qu’il ne saurait « regretter un pacte qui était devenu une chaîne. » « Laissez-moi, a-t-il dit, caresser le rêve d’une Église de France qui ne demanderait rien à l’État et tirerait ses ressources de la générosité des seuls catholiques, où les pasteurs vivraient en communion intime avec les fidèles et n’apparaîtraient point à leurs yeux comme de lointains fonctionnaires au sort desquels on aurait le droit de ne point s’intéresser, où les fidèles eux-mêmes ne seraient point considérés comme un troupeau muet de contribuables, mais se verraient au contraire associés, dans la mesure où le respect de la hiérarchie le permettrait, à l’administration des biens temporels, où la maison de Dieu bâtie, entretenue, ornée aux frais de tous, demeurerait la maison de tous. » Est-ce un rêve ? En tout cas, il doit devenir celui, non seulement de tous les catholiques, mais de tous ceux qui s’intéressent à la liberté des consciences. Il a été plus facile, en effet, de détruire le Concordat qu’il ne le serait désormais d’en refaire un nouveau. En parlant de la paix qu’il désire, M. d’Haussonville a dit : « Est-il indispensable que cette paix soit un jour ratifiée par un nouvel instrument diplomatique ? Est-il trop hardi de souhaiter que, pour la rendre définitive, l’Église ne tende point ses mains à de nouvelles chaînes, fussent-elles dorées, et ne sacrifie point les droits qu’elle a reconquis à des subsides qu’elle paierait trop cher ? » Nous serions bien surpris si M. d’Haussonville n’avait pas satisfaction sur ce point. L’Église ne doit plus compter que sur elle-même. C’est pour cela que nous voudrions la voir prendre les mœurs et user des