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d’obtenir la jouissance de l’église. On pourrait lui répondre qu’il l’admet au moins deux fois, au commencement et à la fin de la période de dix-huit ans ; mais il répliquerait que, s’il fait une concession pour obtenir la stabilité pendant dix-huit ans, ce qui n’est pas une durée exagérée, on n’a pas le droit de la tourner contre lui pour le priver précisément de la stabilité qui en est l’objet. Tout en reconnaissant la difficulté, nous ne la croyons pas insurmontable, et, certes ! on en a surmonté de plus graves. On peut trouver la solution dans deux voies différentes, soit qu’on étende les effets du contrat primitif à tous les curés pendant dix-huit ans, soit qu’on précise et qu’on limite le droit de contrôle du maire, en décidant qu’il portera sur un certain nombre de points de fait étroitement déterminés. Ce qui est inadmissible, c’est que les maires, qui se succèdent eux aussi, et quelquefois plus rapidement que les curés, les soumettent à leur agrément personnel, le lendemain du jour où le gouvernement renonce à les soumettre au sien. Eh quoi ! on a prononcé la séparation de l’Église et de l’État, et, comme conséquence, celui-ci a renoncé à tout contrôle et à tout veto sur le recrutement de celle-là. Hier il nommait les évêques, et la nomination des curés dépendait indirectement de lui. Il déclare aujourd’hui que, n’ayant aucune compétence, il abdique toute autorité dans des choix qui sont de l’ordre spirituel. Et cette compétence, et cette autorité, seraient reconnues à 36 000 maires ! Une telle contradiction touche à l’absurdité, ou plutôt elle y tombe. Si la loi a effectivement une pareille conséquence, il faut la changer ; mais il est plus que douteux pour nous que la conséquence découle nécessairement de la loi, et qu’on ne puisse pas tout arranger par une interprétation libérale.

Il n’en est pas moins vrai que cette stabilité si désirable, et que l’Église avait paru désirer pour une durée illimitée, ne lui sera garantie que pour dix-huit ans. C’est peu : toutefois, puisqu’elle s’en contente, ce n’est pas à nous à nous montrer plus exigeans. Tout ce que font nos évêques, ils le font avec l’assentiment du Saint-Père. On a appris avec satisfaction que Pie X avait confirmé leur initiative et qu’il avait consenti à ce que la question des édifices du culte fût réglée au moyen de déclarations suivies de contrats. On a appris sans surprise qu’il maintenait son opposition sur un point, celui que nous venons de dire, et qu’après l’effort de conciliation qu’il venait de faire, ou d’approuver, il avait demandé qu’un contrat de dix-huit ans fût effectivement un contrat de dix-huit ans. Jamais exigence ne fut plus légitime. Si elle est admise, si on trouve une formule transactionnelle